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Evry lundi - 28 janvier

lundi 13 Mai 2019, par Anne Savelli

Grand moment pour moi, hier soir, qui a lancé Bruits dans le monde : j’en ai lu les sept premières minutes au festival Seconda, lors de la dernière soirée.

Ce matin, pas simple de se lever, de se motiver à prendre le RER (bizarrement, en voilà deux de suite à sept minutes d’écart, même à être en avance je prends le premier). Demi-tour sur la droite. Lever de soleil à gauche qui fait reluire, dore les vitres, les murs, les piles de ponts. Soulagement de voir autre chose qu’un ciel gris.

Mais voilà, ça y est, quelqu’un parle au téléphone, quelle plaie, et fort, tandis que le wagon entier est silencieux. Sa voix, ses mots brouillent le paysage. Que faire d’autre que l’écouter et noter ce qu’il dit, pour Bruits  ?

J’ai raison de l’écouter.

Ce coup de fil a l’air important. Très. L’homme, camerounais, est furieux, d’où le niveau sonore. C’est, à l’entendre (et très vite on y croit), un révolutionnaire qui a monté, de Berlin, un plan pour envahir l’ambassade du Cameroun en France, y causer des dégradations pour protester contre l’arrestation de Maurice Kamto, le principal opposant au président Paul Biya (je consulte mon téléphone : tout ce qu’il dit s’est produit, en effet). Seulement, quelqu’un s’en est pris à lui sur les réseaux sociaux, et salement, encore : en s’attaquant à sa fille. Il a peur que ses enfants soient tués. Lui-même risque sa vie, hurle-t-il.

Prendre ces notes me rend mal à l’aise, les taper ensuite, des semaines plus tard, tout autant. Je censure certaines choses qu’il dit de sa fille, de ce qu’elle subirait. Mais il crie. Il s’offre en pâture sans le savoir, sans se contrôler, au wagon entier.

Un wagon de RER D, est-ce inoffensif ? Est-ce si neutre ?

Un combattant, un vrai, est celui qui est effacé, qui ne se met pas en avant, clame-t-il. Il veut se retirer, quitter l’organisation. Le ton augmente encore. Puis il descend à Vigneux. S’est-il rendu compte que je prenais des notes ?

Au retour, colis suspect à Evry Courcouronnes, boire un thé au Relay (l’unique café est fermé), se poster devant les écrans, passer selon le panneau de 15 minutes à une heure d’attente. Monter dans le premier bus, plein à craquer, direction Massy et son RER B. Il fait beau pour la première fois depuis cent ans.
Dans le bus, puis le RER, je discute, et c’est un hasard, avec un spécialiste des ondes.

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