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Bruits : lire le début, écrire la fin

samedi 26 Janvier 2019, par Anne Savelli

Demain, dimanche, je lirai le début de Bruits, soit, exactement, les six premières minutes, lors du festival Seconda (attrapé froid, et ça dure depuis trois semaines, mais ça m’étonnerait que ça m’empêche d’y aller). Pour la première fois, je crois, je vais lire en public quelque chose que personne n’a jamais lu ni entendu : je veux dire par là que je n’ai pas "testé" le texte auprès de quiconque.

Bruits est un livre auquel je pense depuis dix-sept ans, que j’avais commencé à écrire sous une forme très différente mais déjà fictive (il s’agit d’un roman, oui). J’en ai repris l’idée l’an dernier en décidant d’en faire un texte "minuté" : chaque saut de paragraphe envoie à la minute suivante. Il commence à six heures du matin, se termine à cinq heures 59, se déroule en vingt-quatre heures, soit 1440 minutes. Si j’écris l’équivalent d’une page par minute, ce qui est en train de se produire actuellement (au lieu du paragraphe), on imagine combien de pages il finira par faire...

Bruits m’a envoyée à Chartres au printemps (mais j’ai fini par écrire Saint-Germain-en-Laye, avec lequel il a des points communs) puis à Évry depuis l’automne. Il fait partie du projet Les Villes passagères de L’aiR Nu tout en étant indépendant. Ce sera un livre, je l’espère, mais sans doute davantage - ou moins, peut-être : comme son format le rend a priori impubliable, j’ai dans l’idée de le faire vivre au fur et à mesure que je l’écris, sous des formes diverses.

Ainsi, en ce moment, à l’invitation d’Éric Pessan, j’écris un passage qui se situe vers la fin du livre, que je dois rendre à la revue littéraire du CNES, Espace(s), dans quelques jours. Ce n’est pas la première fois : les minutes minuit et minuit une ont déjà été publiées dans cette revue. Là, c’est de dix pages, et donc de dix minutes environ, qu’il s’agit, avec contraintes à la clé (écrire un discours politique, employer le mot coquille, toutes choses que je m’amuse, évidemment, à détourner).

Je sais ce qu’il va se passer juste après les six premières minutes, de six heures à six heures six, que je lirai dimanche : elles sont déjà écrites. Mais comment faire passer mon héroïne, F, de ce début d’histoire, purement urbain, à une dérive dans l’espace, des centaines de pages après ? Je le sais, et je ne le sais pas. Je n’ai pas la fin de mes dix pages. Pour le moment tout est friable, rien ne tient.

Tout ce qui va se produire ces prochaines années pourra modifier l’itinéraire de F, petite fille qui court dans une ville pour échapper au bruit. Ce projet, c’est une pure aventure (dans mon esprit, déjà), passionnante à tous les niveaux, formel, humain... C’est une sorte de folie, un monstre, un truc qu’il ne faut pas faire. Puisque mon Marilyn, pourtant beaucoup plus grand public, a du mal à trouver preneur (trop littéraire) (ce qui ne veut pas dire que j’aie abandonné, dit mon dernier mot), allons-y carrément.

Pour tout dire, ça commence comme ça :

F

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