Parution le 7/01/2026
14.00 x 19.00 cm
384 pages
ISBN : 978-2-330-21548-4
Prix indicatif : 23.50€
La friche
dimanche 13 Septembre 2020, par
Bienvenue à vous, en ce nouveau dimanche de semainier — ou semainier du dimanche, peut-être. Alors, que raconter, cette fois ? L’intérêt de la régularité de cette rubrique, pour moi, est de commencer à me demander dès le vendredi ce que je pourrais dire de l’écriture, sachant que je ne souhaite pas nécessairement évoquer les processus de création en cours pour ne pas gripper les rouages. Comment naviguer entre ces écueils, comment cacher et mettre à jour, expliciter pour protéger ? Peut-être en continuant de défricher ce que j’appelle depuis la rentrée l’aventure moderne, et qui consiste à tracer sa route en identifiant, puis en évitant les obstacles.
Ainsi ai-je commencé par ne plus prendre les transports en commun qui génèrent pour moi trop de stress (ni métro, ni bus, ni RER depuis début mars), puis m’occuper de ma nouvelle vie de randonneuse (séance d’ostéopathie, recherche de chaussures adéquates), ai-je pris mes distances avec les réseaux sociaux (suppression de toute notification et de plusieurs applis, désabonnements en masse) et entamé depuis un moment un travail sur moi pour apprendre avec calme à dire non aux propositions qui ne me conviennent pas, en dialogue avec mes médecins. Le semainier : soigner son burn-out pour ne pas rechuter, techniques puissantes éprouvées par l’autrice : voilà qui ferait un chouette best-seller, non, qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est vraiment un travail, en effet, tant nous sommes formaté.es dès le plus jeune âge à culpabiliser dès que nous avons à dire non ou, plus simplement, à indiquer nos conditions. Même moi qui, pourtant, si je rechute, risque de me retrouver à nouveau paralysée dans mon lit pendant des semaines et/ou hospitalisée, je sens monter le stress chaque fois que je dois expliquer que, pour des raisons de santé, je ne peux faire les choses qu’à distance ou dans un espace très sécurisé (le bureau de L’aiR Nu, par exemple).
Je pense que ce formatage est évidemment social, organisationnel et politique, distillé tout au long de la vie (menace des mauvaises notes, des punitions, du redoublement à l’école, de l’orientation non choisie, de la bourse d’études qu’en cas d’échec on n’aura pas deux fois, "choix" du métier en-dessous de ses compétences ou loin de ses désirs, asphyxie de la hiérarchie, menace du chômage, absurdité de la valeur travail survalorisée tandis que la robotisation galope, etc) et qu’il est d’autant plus opérant qu’il est corseté par l’intime (jugement méprisant et/ou jaloux autant qu’admiratif du groupe en cas de non-conformité, discours moralisateur ou fataliste à propos de choix personnels, etc). Et même sans ce corsetage... Tout en ayant l’impression, par exemple, d’avoir échappé à certaines injonctions faites aux femmes grâce à ma mère (ressembler à une poupée, se retrouver en position de "faire plaisir" aux autres en dépit de son propre intérêt), je vois bien à quel point je dois encore et toujours lutter pour me sentir libre.
Les raisons de cette difficulté à s’affirmer sont multiples, à la fois mouvantes et figées. Elles se renouvellent, se déplacent, se fixent, disparaissent, reviennent en boomerang... Nous avons besoin de nous mettre à plusieurs pour nous sortir de ces spirales, j’en suis persuadée, et c’est pourquoi, je crois, j’écris le semainier.
(admirez au passage l’oloé des grands magasins : il y en a, de la place !)
Alors, que dire ? Eh bien, qu’une fois la fatigue psychique dissipée, le cerveau reprend l’habitude de vouloir tout faire avancer en même temps et ce, juste parce que c’est marrant de faire des liens d’un projet à l’autre. Je ne le refuse pas car ce n’est pas la bonne réponse, je le sais, mais j’agis pour éviter la surdose en notant dans le détail cette irrépressible boulimie. Ainsi, j’ai repéré ce matin que si, hier, j’ai paniqué devant ce que j’avais à faire, c’est parce qu’en réalité, cette semaine, j’ai réfléchis à quatre de mes livres et à trois projets de L’aiR Nu, dont un, précisément, qui traite du besoin de recentrage.
Le cerveau, cette bonne blague.
Sur ce, j’ai dit oui à une réunion de trois heures mercredi prochain à la Maison de la poésie à propos du Livre de l’Académie de Créteil dont je vous parlais la dernière fois. Folie, peut-être, car je n’ai vu personne depuis des mois mais je crois que ça ira, même si j’appréhende comme une enfant de cinq ans le fait de devoir dire non à l’animation d’ateliers en présentiel (voir plus haut) alors que j’en ai parlé dès le départ et que normalement, on m’a entendue. L’occasion de mettre à l’épreuve le protocole de l’aventure moderne et d’écrire le prochain épisode du semainier, n’est-ce pas ?
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