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Mes villes passagères

samedi 5 Octobre 2019, par Anne Savelli

Champs-sur-Marne, Évry, Châtenay-Malabry, Saint-Germain-en-Laye mais aussi Paris, Marseille, Montreuil... Les rubriques des Villes passagères, le projet de L’aiR Nu, ont vocation à se multiplier au gré des invitations qu’on nous fait à venir travailler, le plus souvent pour animer des ateliers d’écriture.

Je me pose la question, ces jours-ci, de savoir ce que cela signifie exactement pour moi, ce passage d’une ville à l’autre, surtout les jours où j’interviens seule. Concrètement, il y a l’idée que le trajet prend parfois autant de temps que le travail sur place. Le fait de porter un sac à dos dans lequel glisser son agenda, des livres, des carnets, le repas de midi, l’ordinateur (en ce moment j’essaye d’éviter) ; d’être payé à la tâche ; d’assurer son secrétariat tous les jours (l’agenda devient plus important que le carnet) pour moitié pendant les transports.

Subjectivement, le passage c’est aussi la possibilité d’être là et de partir. Totalement dans l’instant, l’interaction lors des ateliers et, dès le pied posé dans le métro ou le RER du retour, dans la fuite si on le décide : même à plusieurs jours d’intervalle, la ville suivante nous attend, nous détache de la précédente. Quand on est facilement "hanté" par ce qui nous traverse, c’est une bonne chose.

(Mircea Cantor, chapelle de l’Oratoire, Nantes)

Il y a les moments où, dans le lieu qui m’invite, je me sens à l’écart, décalée du quotidien des autres et où j’ai envie de reprendre à mon compte cette solitude, de l’installer face à un écran. Ce qui vient, c’est alors un grand besoin de me taire. Que les mots ne soient plus que ceux de l’écriture à venir.

Heureusement que cette force contraire est là, me dis-je ensuite, sinon comment continuer à transmettre, quand je suis face à un public ? Comment légitimer ce que je dis si à force j’exclus l’écriture de ma vie ?
(ça vient vite, il faut se bagarrer)

(campus de Champs-sur-Marne, juin 2019, concert improvisé par l’équipe de la maquette interactive)

À d’autres moments, je me sens de plain-pied, réjouie par ce que font ceux qui travaillent là, les surprises qu’ils proposent. C’est fugace mais heureux, tangible.

On projette, on suppose. On ne sait jamais à l’avance ce qui va se produire, comment va s’inscrire dans le réel (du lieu, des autres) ce qui est convoqué quand le dossier se monte, naissance et prolongements de l’écriture, de l’imaginaire, de la fiction. De quel côté va fuser l’énergie ?

Il y a aussi les commandes de texte qui permettent de s’approprier le lieu dans le silence et la lenteur. Si je n’en parle pas dans cet article, c’est qu’elles ne structurent que par moments le quotidien. Il faut leur donner une place, créer du vide autour, oublier les attentes... C’est encore un autre sujet. Plus tard, je l’espère, je parlerai du travail commun, de tout ce qu’on rêve d’imaginer, d’inclure dans la création.

En attendant, ce qui, en dehors de ce qu’on espère apporter à ceux qui viennent aux ateliers, justifie le passage, cette perpétuelle visite à des villes qu’on croise, dans lesquelles on ne peut s’installer, il me semble que c’est la lecture - là encore, il faudra en reparler.

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