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Ailes et parapluies

dimanche 20 Novembre 2022, par Anne Savelli

(Le texte que Pierre Cohen-Hadria a écrit en souvenir de Maryse Hache, lu devant nous mardi, un des grands moments de cette semaine.)

Dimanche soir Dans le dernier semainier, j’avais dit que je parlerais un peu du Wepler. Je peux d’ores et déjà le faire, révélant par là même le protocole du prix qui consiste à n’appeler, entre 20h30 et 22h, que les gagnants, puisqu’il est 22h15 au moment où j’écris : je sais donc que j’ai perdu, sans savoir qui a gagné. Les gagnants sont appelés au téléphone car on leur demande d’écrire un discours pour le lendemain. Quant aux perdants, on ne les prévient pas et je n’ai pas la moindre idée du sort qui les attend : est-ce qu’on les invite à la fête du lundi ou est-ce que, comme pour le Médicis, on ne leur adresse pas directement la parole ?

(Vous trouverez plus bas la réponse à cette question abrupte que je n’ai pas, alors, cessé de me poser.)

J’ai dû voir toutes les minutes s’égrener au fil de la soirée tandis que je tentais de suivre, assez péniblement, une conférence sur l’entreprenariat. J’ai pensé à Bruits, forcément, à cause du minutage. Au moment où j’écris ces lignes, je relance le live de la conférence. Tenter de se dire : je suis soulagée de la fin de l’attente et maintenant, la vie reprend. Le reste de la vie reprend et, de fait, elle va changer, car, mais oui, je viens de décrocher ma fameuse bourse du CNL pour Bruits  ! La fête est pour l’instant gâchée par ce Wepler qui m’échappe, mais c’est quelque chose que je vais digérer. Ensuite, il ne restera plus que le pouvoir que cette bourse va me donner sur ma vie. C’est sur cela seul que je vais me concentrer. Musée Marilyn, j’aurais dû l’abandonner cent fois et je ne l’ai pas fait. Aussi, qu’est-ce qui pourrait m’arrêter, maintenant ?

Lundi Comme dit dans le dernier épisode en date de Lire le bruit, je commence chacune de mes journées par un enregistrement de... Bruits. Voilà, allons-y. Quand c’est fait, je me transforme en furie, car je ne retrouve plus les clés du local de L’aiR Nu, où je voulais me rendre pour aller chercher les cartes postales que Maryse Hache m’avait adressées (celles dont je parle à la fin de Décor Daguerre). Toute la colère de la soirée d’attente infantilisante, de la nuit à dormir d’un sommeil factice remonte. Je crie pour moi seule dans l’appartement. Et puis je me calme. Finalement, l’apaisement vient plus vite que prévu : les prix sont derrière moi et la semaine s’annonce dense, sans qu’ils n’y soient pour rien.

Mardi Ce mardi 15 novembre, nous avons en effet décidé de rendre hommage à Maryse, disparue il y a dix ans, en octobre 2012. Nous, c’est-à-dire L’aiR Nu, représenté ce jour par Joachim, Piero, Caroline et moi, rejoints par André Rougier et Karen Cayrat. Ainsi, trois générations d’auteurs et d’autrices sont-elles présentes, avec micro, textes et parapluies, ce que je trouve particulièrement beau. C’est la force du collectif, cette décision prise sans rien demander, cet élan qui nous pousse à lire, à écrire, à venir nous souvenir, mais aussi à parler d’autre chose, ensuite, en riant.

(Karen lisant un texte du Semenoir.)

(André, Caroline et moi au pub irlandais d’à côté)

Les clés du local, je les retrouverai le samedi, en faisant tranquillement du ménage. En attendant, vue la pluie du jour, heureusement que les cartes de Maryse sont restées où elles sont !

Le mercredi, après avoir répété pour la soirée à la Maison de la poésie (semaine dense, souvenez-vous), je passe la journée sur l’enregistrement de la veille. Nous allons le mettre en ligne sur la page d’accueil de L’aiR Nu avec certaines des photos prises par Joachim que vous voyez ici, aussi je vous laisse la surprise, mais c’était vraiment un moment heureux, émouvant bien sûr, mais surtout vivant. Piero, qui a lu un texte de Christine Jeanney et un second, de lui, tous deux écrits pour l’occasion, en parle un peu sur son site. Caroline, elle aussi, fait référence à la journée dans ses heures creuses.

Et donc, ce même mercredi, me voilà, le soir, à la Maison de la poésie, invitée par remue.net, interrogée par Sébastien Rongier dont on mesure déjà le sérieux aux kilo-tonnes de livres à post-it qu’il transporte ! Le 2 décembre, ce sera à mon tour de l’interroger et, au moment où j’écris ces mots (samedi soir) (j’ai commencé l’article par une prise de notes "en direct", au moment du Wepler, mais je n’ai pas tenu ainsi toute la semaine), je relis et je note, de mon côté, ses romans et récits. Belle soirée, joyeuse, à parler en toute confiance de Musée Marilyn mais aussi de Cowboy Junkies et de A même la peau, dont j’ai décidé par ailleurs d’acheter un certain nombre d’exemplaires, pour ne pas les voir disparaître — le livre est difficile à trouver en librairie et j’aimerais bien qu’il m’accompagne dans mes futurs déplacements.

Ce même soir, j’apprends par Claro que Musée Marilyn va être réimprimé : c’est la première fois que ça m’arrive, c’est l’aventure ! Qui sait où ce livre me conduira encore ?

La fin de la semaine se passe à tenter d’organiser la suite : écriture à mi-temps de Bruits sur deux ans (en essayant d’aller plus vite, mais on verra), le second mi-temps étant, a priori, partagé entre autres activités rémunérées (résidence de L’aiR Nu, quelques ateliers, peut-être un autre projet de livre) et formation professionnelle. Je vais en effet essayer d’arrêter de papillonner, comme nous le faisons toutes et tous, sans avoir jamais l’assurance de la régularité. Enfin, le dossier de formation n’est pas encore monté, wait and see. J’ai passé ces derniers temps à réfléchir à une possible vie d’écriture nouvelle, plus autonome et régulière. L’excellente nouvelle de la bourse me donne des ailes, profitons-en. (Les parapluies, c’est le nom que donne Ina Mihalache — Solange te parle — à ceux qui suivent son travail en dehors de l’espace public.)

Le vendredi, pour en revenir à ce que je disais au début, je reçois une fort gentille lettre du Wepler, à laquelle je crois qu’il serait bon de répondre. Des ateliers en lycée professionnel, en partenariat avec le Louvre, s’organisent eux aussi, et ça démarre mardi. Au programme : l’exposition Les choses (que j’ai déjà vue) et deux (ou trois) classes très différentes, apparemment, les unes des autres. Bref, on ne devrait toujours pas s’ennuyer dans les semaines qui viennent non plus.

(Mais jamais, on ne s’ennuie, n’est-ce pas ? Ce n’est pas la question.)

*

Toutes les photos sont de Joachim Séné.

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