La traversée

Le jour de la parution, c’est forcément un soulagement. La date, même approximative, on la connaît depuis des mois. Puis un jour le voilà, loin de soi, en vitrine ou non. Il va vivre sa vie on l’espère — la durée d’existence d’un livre en librairie, c’est en moyenne un mois.

Il est temps d’aller au café savourer ces premières heures, même s’il fait à nouveau trop chaud en ville, si on passe le reste de la journée à ne pas se concentrer, à se remettre à attendre — quoi, exactement ? Ce qui permettra au livre nouveau de tracer sa route tandis qu’on reprend le suivant.

Les jours d’après la sortie, c’est forcément du stress : vingt-quatre heures plus tard, on a déjà peur qu’il disparaisse. Des signes semblent dire le contraire mais il faut pas s’y fier. On n’en sait rien. On ne peut pas savoir. On vit forcément dans une bulle et cette bulle, il faut la rendre plus étanche encore. Il faut réussir à se remettre à écrire et pour cela, se déconnecter des réseaux, des messageries (heureusement, je ne reçois jamais aucune notification, j’en ai déjà parlé ici). Terminer de relire La Vie mode d’emploi. Écouter la merveilleuse Grande Traversée consacrée à Proust. Avoir envie de rester immergée chez eux, Proust, Perec.

Mais ce n’est pas si simple, ne serait-ce parce que les premières réactions, pour Musée Marilyn, semblent valider mes choix. J’écris toujours en croisant plusieurs genres littéraires, ce qui rend mon travail particulier, je le sais. Il semblerait que l’idée de l’exposition imaginaire intéresse, suscite des réflexions qui prolongent les miennes. C’est évidemment une grande joie.

(Eve Arnold)

Alors, reprendre un peu la documentation Marilyn, réconfort du sujet connu. Voir ou revoir des films, même mineurs. Se dire que ce serait une bonne idée de s’intéresser à nouveau à la photographe Eve Arnold, par exemple. Lire un livre qui sort, lui aussi. Monter de nouveaux projets. Se focaliser sur le collectif. Mais ne plus rien attendre, enfin.