Le chemin rouge

(Recyclant de vieilles images, dans le désir de ne pas toujours en produire de nouvelles, je retrouve sur cette photo le chemin rouge où déambuler dans le jardin du clown Slava, lieu incroyable visité il y a plusieurs années.)

Ainsi que raconté dans le dernier épisode de Lire le bruit, je crois avoir trouvé une "méthode" pour continuer à écrire Bruits et, par superstition, je préfère ne pas en parler. Je peux dire quelques mots, par contre, de celle de Julia Cameron, Libérez votre créativité, que j’ai recommencé à suivre depuis trois semaines. J’avais déjà essayé de m’y mettre, mais en arrêtant assez vite, freinée par le côté parfois mystique de son propos. Cette fois, j’ai décidé de passer outre, par curiosité, pour voir ce qui allait se produire, mais aussi pour lutter contre une anxiété envahissante.

Eh bien, de ce côté-là, en tout cas, il y a du progrès, c’est net, et je crois que c’est dû à ce qu’elle prône en tout premier lieu : commencer systématiquement sa journée en écrivant trois pages, ni plus, ni moins, couchant sur le papier tout ce qui nous vient en tête. S’autoriser également, une fois par semaine, ce qu’elle appelle un "rendez-vous avec l’artiste", moment où il s’agit de contenter l’enfant en soi (enthousiaste, curieux, inventif) sans aucun désir de productivité. De manière générale, elle bat en brèche la vision romantique de l’auteur maudit, ce qui me convient parfaitement. Chaque semaine, il y a également plusieurs exercices à faire. Je vais d’ailleurs m’y employer dès que j’aurais terminé ce semainier.

Bien sûr, ça prend du temps, mais c’est du temps libéré sur l’angoisse : ça n’a pas de prix.

Je lis, en parallèle, Une révolution intérieure : renforcer l’estime de soi de Gloria Steinem, un livre paru au début des années 90, traduit récemment seulement, dans lequel elle établit des ponts entre militantisme et développement personnel. Le "développement personnel" a pris tellement d’ampleur, entre temps, qu’on peut en avoir un dégoût, un rejet — c’est mon cas, par moments. Mais n’y voir qu’une opportunité commerciale ou une façon de nous culpabiliser une fois de plus (si quelque chose ne fonctionne pas dans notre vie, c’est que nous ne nous sommes pas suffisamment... centrés, adaptés, distanciés, régulés, placez le verbe que vous voulez), c’est se couper d’outils qui peuvent se révéler précieux. Pourquoi le politique et l’intime devraient-ils s’opposer ? Si l’intime est politique, dit Steinem, l’inverse est vrai, également. Les relier, c’est comprendre ce qui, structurellement, nous a conduit à nous dévaluer. Bien. J’en suis à la moitié, je verrais ce que les lectures couplées Cameron + Steinem vont donner.

En dehors de ça, cette semaine fut donc occupée par Bruits, tant que faire se peut, mais aussi le Patreon et son podcast, Faites entrer l’écriture, que j’enregistre avec un immense plaisir. J’ai déjà programmé les deux prochains épisodes et sais, a priori, ce que je ferai pour les deux suivants. Tout en disant cela, je sais également qu’il s’agit, comme pour l’écriture, de s’appuyer sur sa propre expérience mais sans avoir tout corseté — j’ai parlé de "méthode" pour Bruits, en début d’article, mais si je ne développe pas la question, c’est précisément pour me laisser la liberté de contourner les contraintes que je me suis fixées. Ainsi, le deuxième épisode de Faites entrer l’écriture n’était pas prévu, il est né d’une rencontre. Et j’espère que ça va continuer.

Samedi Après avoir écrit ces phrases, j’ai donc continué les exercices de Cameron. Et j’ai découvert, ô stupéfaction, une pratique à ne surtout pas omettre, dit-elle : ne pas lire pendant une semaine. Je m’y mets donc dès demain dimanche, une fois ce semainier posté. Je ne lirai ni livre, ni journal, ni réseaux sociaux, ni messages. Par contre, je noterai tout ce qui va se produire. Ce que racontera le prochain semainier en sera le fruit. À dimanche prochain, donc !