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Autres formes de villes

dimanche 20 Août 2023, par Anne Savelli

La fin de l’été se profile sous la canicule, ce qui me pousse à décaler ma vraie "rentrée" d’une semaine, à repartir à la fin du mois pour quelques jours encore. Drôle d’été, durant lequel, sans l’avoir prémédité, je suis passée de serre en serre, à Nantes, au Havre, à Châtenay-Malabry.

J’ai fini par comprendre ceci : les lieux que je préfère, dans les villes, sont d’abord les serres, les jardins botaniques et les bibliothèques. Je serai toujours d’accord pour aller visiter une serre. Les musées, et même les cinémas, ne viennent qu’ensuite — mais il faudrait que je reprenne quelques habitudes avec ces derniers, avec ceux qui ne sont pas encore totalement formatés, ne ressemblent pas encore à des aéroports. Les aéroports sont des lieux que je déteste, et il en va des gares, aussi, de celles qu’on équipe pour donner l’impression de décoller. Je déteste tout ce qui entrave la circulation : les portiques de sécurité, les portes d’embarquement, les systèmes qui obligent à badger, à montrer patte blanche. Je déteste que Beaubourg ne soit plus ouvert à tous vents, n’ait plus qu’une seule porte d’entrée (quand j’avais 16 ans, je pouvais y entrer de quatre manières différentes, sur un coup de tête, sans anticiper). Je déteste encore plus que nous nous habituions.

Pour avoir dû la pratiquer longtemps, je déteste la gare souterraine dite "Paris-Nord", en particulier le quai où se côtoient le RER B (qui entraîne pourtant vers l’arboretum de Châtenay et la Vallée-aux-Loups) et le RER D (qui m’a conduite, pendant un an, à Évry). C’est l’endroit de Paris que je déteste le plus. Colle, pue, agglutine. Nous imposait encore, la dernière fois que j’y suis allée, une sorte de radio destinée à éviter de nous entredéchirer à la moindre avarie, j’imagine. Mon ambition, depuis cinq ans : ne plus jamais avoir besoin de l’emprunter.

Il y a dix ans, les éditions Parigramme m’avaient demandé l’autorisation d’intégrer un texte que j’avais écrit, précédemment paru dans la revue D’ici là, dans l’un de leurs livres, intitulé Paris : petite anthologie du désamour. À mon avis, c’est sans doute l’un de leurs ouvrages qui a le moins marché. D’ailleurs, il est introuvable sur leur site (Destroy Keeper a encore frappé dans ma bibliographie personnelle) (vous verrez, quand La Boucle impossible sera sorti, nous invoquerons sans doute ce personnage à tout bout de champ !) (cependant, l’éditeur pressenti n’a pas encore répondu...) (mais nous sommes en août, c’est l’été) (ce qui n’empêche pas la rentrée littéraire de tout envahir) (tiens, le livre est téléchargeable gratuitement ici, mais de guingois) (je reviens à mes serres).

Je sais pourquoi j’aime les serres et j’en parlerai sûrement un jour. Elles me permettent, pour le moment, de ne rien dire d’autre, de ne pas rabâcher, surtout (Bruits, blabla, etc). Mais elles me donnent envie, aussi, de chercher ce qui résiste au formatage évoqué plus haut. D’explorer à nouveau la ville (Paris, mais pas seulement), dès que la température sera descendue. Peut-être les semainiers de l’automne seront-ils faits de cette matière-là.

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