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Par vagues

dimanche 17 Octobre 2021, par Anne Savelli


(assises liquides, souvenir de Copenhague)

Ce que je note, au vol, durant la semaine : qu’il s’agit encore d’une période dense où boucler le cinquième dossier sur trois projets différents tout en continuant de suivre le congrès sur les hauts potentiels évoqué dimanche dernier (deux heures d’interventions quotidiennes durant une huitaine de jours). J’écoute la plupart des conférences mais je réalise ce que je sais, au fond : que je suis déjà très au fait de la question. Pas de révélation extraordinaire, donc, mais quelques conseils qui m’aideront je l’espère à ne pas me retrouver sans cesse à contre-courant. En fait, je pourrais les donner moi-même, ces conseils. Cependant, comme on le sait, cordonnier mal chaussé, etc.

Quoi d’autre ? Je me rends au CNES à la soirée dédiée à la sortie de l’ouvrage consacré à la base spatiale de Kourou (pour Bruits), le lendemain à la bibliothèque Violette Leduc chercher un livre sur les colonies anarchistes du début du XXe siècle (pour Mystag), Violette Leduc qui, justement, me sert de point d’appui lorsque je rédige la note d’intention du cinquième dossier de ce mois où il est question du retour de Dita Kepler (pas avant un an minimum). « Je suis un désert qui monologue » écrivait VL à Simone de Beauvoir en se plaignant de ne jamais être entendue. La citation s’y trouve avant même le descriptif du projet, dont la ligne directrice est de réussir à sortir Dita Kepler de son isolement.
Violette Leduc (sur laquelle j’ai un projet, aussi, misère !!), DK, les hauts potentiels et Bruits, tout cela se recoupe, en réalité. Il s’agit toujours de chercher à trouver sa place alors qu’on est inadapté.e (ou atypique, si l’on veut). J’allais écrire "lorsqu’on se sent inadapté.e" mais non : on peut très bien se sentir adapté au monde (au vivant, au cosmos...) tout en se prenant dans les dents l’incompréhension ou l’indifférence d’une grande partie de ses semblables.

Lors du congrès, plusieurs intervenants ont expliqué que ce second état de fait ne changera jamais, qu’il ne sert à rien de lutter contre : tout le monde se fout de ces différences. Certes, et il est très utile de se le rappeler, non pour s’en plaindre mais pour évacuer la question, s’économisant par là une bonne dose d’énergie. J’ai cependant l’impression d’avoir déjà mis en œuvre tout ce que les intervenants préconisent sans pour autant réussir à trouver une position stable, une façon de vivre plus sécurisante, stabilité qui me ferait du bien au stade où j’en suis. Mais bref...

Autre chose que le congrès m’a apprise : que l’on peut très bien être sociable et introverti.e, l’introversion n’étant pas de l’ordre de la timidité, du manque de confiance en soi mais d’un très grand besoin de solitude pour se ressourcer. Voilà, entre autres, pourquoi je ne suis pas devenue enseignante et pourquoi j’ai majoritairement travaillé en télétravail toute ma vie : je ne peux pas voir du monde tous les jours, ce qui ne m’empêche pas d’être sociable le reste du temps. Sociable comment ? Eh bien, j’adore rencontrer individuellement des gens qui ne se ressemblent pas et qui, potentiellement, ne s’entendraient pas les uns avec les autres. L’Objet de ma vie, le projet de L’aiR Nu, va d’ailleurs dans ce sens : enregistrer des gens de milieux différents pour les faire cohabiter, imaginairement, dans le même immeuble. Et tout commencera par ma fameuse voisine du dessus.

Oui, enfin, le vendredi venu c’est un peu la douche froide : où l’on découvre incidemment comment est constitué (ou plutôt : ne réussit pas à se constituer) le jury chargé d’attribuer des subventions à des projets de podcasts, appel auquel nous avons répondu pour L’Objet de ma vie. Demander à des dizaines d’auteurs et autres professionnels de l’audio de juger quels auteurs de podcasts auront le droit de recevoir des subventions sans payer les premiers pour établir la sélection... Nous sommes atterrés par cet amateurisme et ce mépris généralisé (envers les appelés pour constituer le jury, envers ceux qui ont envoyé un dossier alors qu’il n’était pas constitué). Évidemment, on se doute que les professionnels vont refuser de travailler pour rien. Qui jugera, au final, donc, et avec quelle légitimité ? Mystère. Autant faire directement une croix sur les résultats, dont on comprend mieux pourquoi la date de rendu n’est pas indiquée.

(une réponse positive serait une vraie surprise, c’est sûr)

(heureusement, disco for ever : détournements de Clémentine Mélois exposés au-dessus des voies de la gare du Nord, photographiés en revenant de l’atelier dont il est question ci-dessous)

Une semaine qui, côté émotions, aura ainsi fonctionné par vagues, de curiosité, de consternation. Elle se termine de la même manière, au moment où j’écris : par d’immenses fous rires et bonheurs de retrouvailles en atelier le samedi (premier atelier en présence depuis 2019, où il fut question de culture populaire qui nous réconforte et de traces numériques) et des emmerdements administratifs à venir, lettre retrouvée au retour dans ma boîte, inaccessible depuis août. Heureusement, un autre conseil du congrès pour s’attaquer à ce genre de problème me reste dans l’oreille. Écouter les autres peut être facteur d’épuisement mais c’est aussi une sacrée ressource : une évidence, sans doute, mais qui s’expérimente jour après jour.

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