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site d’Anne Savelli

Savoir ce qui éparpille

dimanche 3 Octobre 2021, par Anne Savelli


(la revue de la Marelle, une et plusieurs)

Semaine dédiée, surtout les premiers jours, au montage de dossiers qui, on l’espère, pourront permettre à la vie matérielle de retrouver un peu de sérénité. Cependant, comme le raconte Pauline Sauveur sur Facebook, on ne sait jamais, quelle que soit la qualité de ce qu’on présente (et nous sommes toujours totalement impliqué.es, c’est une certitude), si la réponse sera positive ou non. Voilà ce qui se produit en cas de refus :

(la suite est à retrouver sur son compte)

L’aléatoire est grand, et permanent. Depuis le temps, ce qui permet de tenir, c’est de savoir que des personnes dont on estime le travail et le sérieux sont logées à la même enseigne. À ce stade, le résultat, bon ou mauvais, n’est pas une question de mérite mais de mille choses sur lesquelles nous n’avons pas prise — l’air du temps, par exemple. Pourquoi candidater, alors ? Bien sûr, dans l’espoir d’être soutenu.es (personnellement, je n’ai pas mené à bien certains projets de livres parce que je n’avais pas d’argent pour le faire, c’est aussi simple que cela). L’intérêt, par moments, c’est aussi de pouvoir clarifier, pour soi comme pour les autres, ce qu’on a envie de voir avancer. En cas de refus, c’est plus ou moins utile — honnêtement, pas tant, car jamais on ne duplique le contenu d’un dossier de résidence ou de subvention sur un autre. Mais au moins cela a-t-il, durant le moment de la rédaction, un intérêt intellectuel, même si ce qu’on raconte n’a, en réalité, pas vraiment d’influence sur ce qu’on finira par écrire.

Cette semaine, j’ai commencé par répondre à une enseignante qui monte un projet d’ateliers avec le Louvre sur la question de l’autoportrait et m’a proposé de participer. Ô miracle : j’avais dit clairement l’an dernier (à une autre institution, je ne pense pas que cette information ait circulé, c’est probablement le hasard) que je ne voulais plus animer d’ateliers si je ne pouvais pas me rendre à pied sur place et c’est le cas : le collège en question est situé dans le 19e, à 25 minutes de marche ! Je suis d’autant plus contente qu’au téléphone, le courant est bien passé avec cette enseignante et que, sur la question de l’autoportrait, j’ai déjà une idée de ce que je vais faire.

J’ai ensuite proposé ma candidature à une résidence qui est en réalité un simple hébergement, mais au bord de la mer, pour Bruits (le livre et/ou le site). Si c’est oui, rien n’aura lieu avant au moins un an. J’ai donc largement le temps d’effacer de ma mémoire ce que j’ai projeté et de poursuivre le texte là où j’en suis pour le moment. Si c’est non, eh bien, entre temps j’aurais oublié et monté d’autres projets (quel optimisme, ce dimanche !).

Le jour suivant, avec L’aiR Nu, nous avons rempli un exigeant dossier de candidature afin d’obtenir des subventions qui nous permettraient de faire avancer L’Objet de ma vie. Ma voisine du dessus, sans le savoir, est devenue la star du dossier, il va falloir que je monte deux étages lui raconter ça.

Est-ce que je m’éparpille, avec tous ces projets ? (j’en ai d’autres, encore, je ne raconte pas tout, sinon je n’en finirai pas). Non, me dit le médecin qui me connaît depuis bientôt vingt ans. Vos projets de création sont liés, l’un nourrit l’autre. Ce qui éparpille (et donc engendre du sabotage), c’est le fait de devoir sans cesse aller chercher de l’argent (travail administratif, marketing, etc) alors que ce n’est pas votre cœur de métier, ajoute-t-il. Il ne s’agit pas de monter un dossier par jour ni de passer sa vie à faire sa promotion. Il ne s’agit pas de courir mais de faire courir F, la petite fille de Bruits. C’est différent, même opposé.

Voilà qui entrerait pourtant tout à fait dans la logique contemporaine du "démerde-toi tout seul et, en plus, sens-toi coupable d’avoir à le faire, ça prouve que tu n’es pas assez bon".

(appartement de résidence qui depuis n’est plus accessible aux auteurs, photo datant d’il y a neuf ans, résultat d’un oui à l’un des dossiers)

C’est sûr, il faut avoir la foi en ce qu’on fait, sinon ce n’est pas la peine. Il faut se mettre à plusieurs, aussi, se refiler les plans, se soutenir, s’entraider. C’est pourquoi, pour finir, j’invite à écouter ces conseils aux jeunes poétesses d’autres poétesses : notre dimanche, je crois, n’en sera que meilleur.

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