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Wonderland

dimanche 1er Septembre 2019, par Anne Savelli

Le grand moment de la semaine, c’est le retour à Saint-Germain-en-Laye et la découverte du lycée international, où je me rends pour rencontrer les cheffes d’établissement avant le début de ma résidence le mois prochain - le lycée, en rénovation depuis deux ans, compte également un collège et une école primaire. Alors que j’ai vécu huit ans à Saint-Germain, je ne sais même pas où il se trouve ! Une première recherche m’apprend qu’il est loin de la gare RER, à trois kilomètres. Après avoir repéré le bus qui y mène, et parce que je suis arrivée volontairement très en avance, je fais un tour en ville.

Au début, je pense aller en forêt, mais le soleil qui tape me pousse à me réfugier dans le jardin des Arts, à côté de la médiathèque. Je l’avais écrit il y a des années, dans un texte destiné à un dossier de remue.net dirigé par Sereine Berlottier : la bibliothèque de Saint-Germain est, pour moi, le centre du monde. Il m’a fallu mille circonvolutions pour le dire. J’ai commencé par faire une description minutieuse de lieux remplis de livres, lieux que je ne savais pas encore être des oloés (je n’ai inventé le mot que six ans plus tard), dont je n’avais que les images devant les yeux, avant d’avouer cet attachement.

Cordoue, Stockholm, San Cristobal de las Casas... Il m’a fallu passer par des villes connues (San Cristobal) ou inconnues pour dire simplement :
Ce qui compte, c’est (...) tout ce que Françoise propose : atelier de BD, atelier de sérigraphie, écriture de poèmes, création d’un journal de la bibliothèque. On veut tout faire ? On fera tout.
Emprunter vingt fois le même livre, épuisé, introuvable, vingt ans plus tard réédité (l’avoir en double).
Entrer sans crainte, et pour toujours, dans les bibliothèques, les librairies et les musées.
S’approprier le monde, voilà, et à qui ça ne plaît pas tant pis.

ode à Françoise, jeune bibliothécaire des années 1970, une des grandes rencontres de ma vie, à qui mon livre est en partie dédié.

Le jardin des Arts, ombragé, est paisible comme il est difficile de l’imaginer quand on vit à Paris et j’y prends des notes en attendant mon rendez-vous. Depuis le matin, je me sens comme Maigret de retour à Saint-Fiacre, commissaire mais aussi fils de régisseur, enquêtant au château où son père travaillait. Est-ce que je retombe en enfance ? Est-ce que la ville me demandera de montrer patte blanche, de (re)faire mes preuves et si oui, lesquelles ?

Inquiétudes balayées dès l’arrivée au lycée international, encore en travaux à quelques jours de la rentrée : le lieu est beau, lumineux, aéré, vaste et tout le monde s’y perd, une feuille à la main. Le bureau de X ? Alors, où l’ont-ils mis ? Je pense à la maison qui rend fou version douce. Des ouvriers travaillent (aux yeux de tous, sur une chaise l’un dort, replié sur lui-même. J’aimerais le prendre en photo ou plutôt qu’une photo existe, à l’instant, de lui, mais bien sûr ce n’est pas possible et de toute façon qu’est-ce que je vois ? L’heure de la sieste un jour d’été, une image gracieuse, ou quelqu’un qui travaille trop, s’est levé trop tôt pour venir ?)

Ce qui me rassure et me plaît, c’est de découvrir les lieux en même temps que les autres, ou presque. Quand je me rends dans un établissement scolaire, d’habitude, chacun a pris ses marques depuis des années, voire des décennies tandis que je déboule comme dans un jeu de quilles. Ici, on essuiera les plâtres ensemble, voilà ce que j’espère. Cette journée quasi caniculaire se révèle légère, joyeuse grâce à Leila Platz, l’enseignante avec laquelle j’ai monté le projet après l’avoir rencontrée à la Maison de la poésie et aux côtés de laquelle je déambule dans les couloirs. Bientôt, on entendra parler toutes les langues, me dit-elle.

L’image que je me faisais du lycée, depuis toujours, était celle de son château, situé à côté. Le matin encore, je pensais me rendre à Poudlard (le nombre de références enfantines, dans les semainiers "retour à Saint-Germain", risque d’être élevé, vous êtes prévenus) ! Or, non, aucun cours n’est donné à cet endroit. Par contre, on y organise des réceptions... Au passage, dans les locaux neufs, je fais la connaissance du maître des clefs et des emplois du temps. Il est déjà d’accord pour me donner accès aux archives du lycée après la rentrée. Je n’ai rien à écrire puisque mon livre paraît (quel confort), mais ça ne change rien : je me doute que je vais avoir envie de prendre des notes, ne serait-ce que pour le semainier. Bref, la résidence promet. Dans la foulée, je rebaptise secrètement le lycée Wonderland, évidente référence à Alice (sans la reine de coeur), ce qui n’étonnera pas ceux qui savent déjà comment mon texte commence.

*

Tout cela semble cohérent, unifié - ça l’est. Cela ne m’empêche pas, durant la même semaine, de relire À travers champs, le texte écrit avec Joachim Séné et bientôt publié par L’aiR Nu grâce à l’université de Marne-la-Vallée ; d’imaginer les republications de Des oloé et de Décor Lafayette (relire, enrichir, prolonger) ; de réfléchir à l’AG prochaine de L’aiR Nu ; de poursuivre le feuilleton Volte-face, avec newsletter et bonus ; de répondre à Franck Queyraud pour lequel j’ai écrit le chapitre d’un livre consacré à la littérature et aux numérique, destiné aux bibliothécaires, à paraître en décembre aux Presses de l’Enssib dans la collection La boîte à outils ; de corriger la presque fin de Bruits pour le numéro de la revue Espace(s) du CNES qui sortira en janvier prochain ; et enfin d’écouter cette émission

et auparavant, celle-ci

dont les thématiques sont en lien, même secrètement, avec mon livre à paraître. En ce moment, je me remets d’une nouvelle période de burn out, ai du mal à lire, à écrire. Le dire ici après avoir listé ce que j’ai réussi à faire malgré tout, pendant la semaine, est une aide.

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