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site d’Anne Savelli

Nouveau champ de Dita Kepler

mardi 19 Février 2019, par Anne Savelli

(Un texte, deux voix : tandis que Joachim Séné écrit de son côté, je compose le journal de l’envol de Dita Kepler, qui investira successivement les 25 cabanes du campus. Voici la première, après un texte de présentation mixé avec les sons récoltés sur place, pour la maquette)

Dita Kepler à Champs intro

Cabane de la danse

Danser dans une pièce close, seule en diagonale, sans miroir, sans piste et les yeux fermés. Danser dans ses yeux, esquisser un pas sous les deux paupières, poignets et chevilles entièrement libres, du moins en pensée, le corps à l’arrêt en haut du pylône. Danser ce serait pour Dita Kepler se nouer aux branches, zinc, planches, s’étirer léger jusqu’à l’avion de ligne. Enjamber le ciel, l’axe de la Terre. Filer vers le sud.
Par la porte ouverte un balancement indique sa danse, un seul, très petit. Elle chorégraphie le soleil couchant, la vie dans une boîte, le côté sardines de nos solitudes dans ces RER qui relient nos villes. D’avant en arrière, pointe talon pointe pointe elle épuise le mouvement de l’attente, le risque de chute, de bifurcation quand le train s’éclipse, pris dans le brouillard des signalétiques. Elle danse et voici, entre rails et champs, un port de pêche. Voici un pont, une passerelle, une dune, une colline. Des vagues, des vagues. Des trous, des vagues. Des vagues de trous et de palissades.
Un pylône, des planches, des trous qui font murs, toits plus ou moins sûrs, une boite dedans : lorsque ça s’entrouvre, qu’est-ce qu’on voit ? Des rubans de rues, de grues, d’habitants. Des coupures de presse sur le Grand Paris, des tracs, des interdictions à décomposer, à recomposer en gestes de danse – rouler ici pas là – rouler dans l’ornière – et ne pas nourrir les êtres errants en bordure des lacs. Les êtres errants. Dita K s’arrête. Elle ne fait pas la différence entre humain et animal, se demande si elle serait chassée, elle. Peut-on la nourrir ? Est-ce qu’elle se nourrit ? Les questions commencent. Elle se penche et fouille. Au fond de la boite, ces papiers, panneaux cachent autre chose. Une invitation à venir écrire, passer un concours. De la glaise, des pierres, le plan du quartier, des échafaudages. Les rêves de chacun. L’organisation du nœud ferroviaire. Tout le bois possible pour construire encore, hisser les abris. Puis de la musique.

Galerie

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