Jours éveillés à Saint-Germain #1 : premiers ateliers avec les CM2

Comme je le disais dans les jours endormis, ce sont surtout les CM2 que j’ai eu le temps de rencontrer durant ma résidence. Soit deux salles de classe côte à côte au fond d’un couloir dont le mur vitré donne sur une cour, ou plutôt un de ces paliers à ciel ouvert qui font du lycée international, en travaux mais de toute façon situé dans une pente, un labyrinthe.

Deux salles qui communiquent, décorées et claires, deux classes dont les enseignantes travaillent souvent ensemble : les élèves se côtoient sans cesse. Lorsque j’arrive la première fois, un dégât des eaux devant la porte de la seconde salle oblige à passer par la première pour entrer. On circule, se croise, se salue forcément.

Je me demande ce qu’il en est de ces deux salles aujourd’hui, si elles sont vides ou non, qui y vient, comment se passent les cours depuis la pandémie. J’imagine les semaines de silence, les animaux prenant possession du chantier. Les élèves savent-ils s’ils resteront ou non au lycée international l’an prochain ? (le passage en sixième n’implique pas forcément la poursuite de leur parcours dans le même lieu) Je tente de me mettre à leur place, de comprendre ce qui les a traversés, les traversent encore tandis que j’écris ces lignes.

En attendant d’avoir de leurs nouvelles, petit retour en arrière pour raconter les ateliers. Les deux premiers ont porté sur la description de son intérieur (un chez soi ancien ou présent, ici ou ailleurs, ou encore fictif) et le trajet jusqu’au lycée, ses étapes, ce qu’il montre des villes selon qu’on regarde dehors ou préfère discuter avec les copains dans le bus. Qui aurait pu se douter que ces exercices résonneraient autrement, que les chambres deviendraient salles de cours, que les trajets n’auraient plus lieu que dans les têtes ?

Les fragments des textes que j’ai photographiés avant de les rendre aux enseignantes prennent leur autonomie, se mettent à raconter de nouvelles histoires.

Des histoires biffées, corrigées pour les rendre proches du quotidien et qui s’en seraient échappées.

Des textes où par moments quelque chose bascule, on ne sait pas vers où

ni ce qu’on peut en dire

au moment de poster l’article.

(juste envie de les embrasser)