Fenêtres Open Space

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A livre ouvert

dimanche 12 Mars 2023, par Anne Savelli

Retour à Paris pour quelques jours avant de repartir en résidence dans un lieu quasiment désert. La semaine prochaine, en effet, L’aiR Nu reviendra à Grand-Lieu pour continuer d’écrire La Boucle impossible, cette fiction où Dita Kepler affronte son double destructeur, Destroy Keeper, personnage inventé par Joachim Séné, en s’inspirant des oeuvres créées autour du lac depuis vingt ans.

(Il est toujours possible, dans ce cadre, de suivre notre "feuilleton de bulles sonores" sur le site de L’Esprit du lieu. Grand merci, au passage, à Karen Cayrat à qui nous devons ce montage vidéo).

Une semaine de transition, donc, où je garde en tête le travail sur Bruits effectué à Arromanches, où je continue d’écrire tout en commençant à "switcher" vers La Boucle impossible.

Je dis ça, mais ce n’est qu’à moitié vrai. D’abord, Marilyn refait surface, puisque, le même jour (jeudi), Claro m’apprend que Musée Marilyn est en sélection pour le prix Françoise Sagan (nous sommes vendredi et je tape ces mots à la médiathèque Sagan, justement, sans doute pour "aller vers ma chance" !) ; je suis invitée, dans la foulée, à venir entendre parler de Jouer Marilyn, le dernier numéro en date de la Revue d’études culturelles de l’Ille ; et enfin, l’enseignante avec laquelle je travaille au lycée d’Alembert me fait un très beau cadeau : ce numéro de septembre 1959 de Marie-Claire, spécial MM. 


(surprise, et joie !)

Et puis, parlons des ateliers que j’y mène, justement, en partenariat avec le Louvre. Nous travaillons sur le thème des objets, en lien avec l’exposition Les choses, mais je suis encouragée à ne pas laisser de côté mes marottes. C’est donc avec un immense plaisir que, ce même jeudi, j’enregistre, grâce aux apprentis cordonniers et podo-orthésistes, et à leurs professeurs, les bruits des machines sur lesquelles ils travaillent. Cela servira à la fois pour le projet (j’envisage d’effectuer un montage à écouter lors de la Nuit des musées, rien que ça !), pour Bruits (le livre et le site), mes podcasts et L’aiR Nu. C’est un moment magique, où personne n’a l’impression de travailler ; où on échange mille choses qui font le coeur de nos métiers, justement parce qu’il y a ce plaisir à transmettre, cette curiosité. Une heure légère, sans nécessité de rendement, sans objectifs chiffrés (même si, on l’a vu, des objectifs, il y en a, par ailleurs, et que je me suis mise toute seule sur le dos des heures de boulot à venir, à manipuler ma vingtaine d’enregistrements. Mais vraiment, alors : peu importe !).

C’est un de ces moments qui, parce qu’on a mis de côté les obligations, permettent à l’inouï d’advenir. L’un des enseignants de la classe de CAP cordonnerie, qui me fait écouter le son d’une clé qu’on façonne, interprète soudain comme à livre ouvert ce que je lui raconte de Bruits, de F, mon personnage de petite fille en fuite. Il ne peut pas avoir lu ce que j’écris, bien sûr, mais semble tout comprendre en deux phrases : voilà qui me fascine. Tout comme m’impressionne, en écho à mes deux semaines à Arromanches, le "bruit du vide" que me fait écouter l’enseignante qui s’occupe des podo-orthésistes. Je note en vitesse quelques mots, enregistre, espère pouvoir me souvenir de tout à mon retour.

Pour l’instant, je le disais, il faut reprendre La Boucle impossible, s’y ancrer à nouveau. Une promenade sur le lac est prévue la semaine prochaine, voilà qui tombe bien. Pour écrire, nous avons besoin de matérialité, de sensations concrètes, même pour n’en rien faire, ou les transformer entièrement. Je sais que ces visites au lac sont rares, que c’est une chance — tout comme, pour moi, cette exploration sonore des ateliers des CAP. Tout véritable accueil, pour l’écriture, est une chance.

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