parution le 03/10/2024
ISBN 978-2-490364-42-8
53 pages
12 euros

Depuis l’agora
dimanche 10 Novembre 2024, par
Mercredi La lutte, toujours plus voyante, des hommes contre les femmes, voilà ce à quoi je pense en ce jour d’élections américaines. On n’aura donc jamais, notre vie durant, cessé d’être consternées. Ce qui apparaît sous nos yeux, ce sont, perpétuellement, de petits garçons toxiques qui parviennent à rester en place. Cette constatation me hante depuis des années. J’ai lu ce qu’il en était du poids, dans la balance, de l’inflation (ayant entendu quelqu’un, dans un micro-trottoir, parler du prix exorbitant des oeufs aux US, cela a suffi pour que je ne sois pas étonnée des résultats). Peur de chuter, de perdre ce qu’on a, sentiment d’humiliation, impression de ne pas être écouté, pris en considération, je comprends et sens de façon intime la mécanique qui favorise, pour beaucoup, le repli sur soi. Mais cela ne m’empêche pas de continuer à être médusée par le cynisme des réponses populistes, leur médiocrité, la négation des évidences climatiques, la violence faite aux femmes et aux minorités.
Au fait, que disent les écrivaines américaines ? Voilà ce que je trouve. Joyce Carol Oates :
Puis Siri Hustvedt (j’aurais voulu intégrer la vidéo Youtube, mais France Télévision refuse). "Preachy females"... Bon. Passons à l’écriture, maintenant, ça vaudra mieux.
En ce jour, le matin, je poursuis ma relecture de Bruits (j’ai passé le premier quart, qui semble "tenir", mais c’est évidemment le plus facile, puisque le plus réécrit). J’en suis à un passage, inspiré par une matinée que j’avais passée tout entière dans le centre commercial de l’Agora, à Évry, en 2018, jusqu’à l’assourdissement, l’abrutissement complets. Depuis, l’Agora est devenue "le Spot", ce que je découvre aujourd’hui, et la fiction s’est faufilée, immiscée dans mon souvenir d’autant plus sûrement que la ville de Bruits est imaginaire. Un personnage, dont j’ai développé le parcours, déambule dans le centre fermé. Il y voit, à un moment, des jambes de femmes qui, forcément, me rappellent les films de Truffaut. Pas sûre que j’aimerais L’Homme qui aimait les femmes si je le revoyais aujourd’hui. Pas sûre d’en avoir envie, surtout. Peu importe. Ce qui compte, c’est de continuer à lire et à écrire pour peupler le mental, ne pas désespérer, à défaut de se sentir d’une quelconque influence sur le monde tel qu’il marche.
Entamé, par ailleurs, le nouveau Mona Chollet, Résister à la culpabilisation. Elle y parle de cette voix intérieure que nous possédons, nous, les femmes, en particulier, voix qui nous pousse à nous auto-dénigrer en permanence. Dès les premières pages, elle raconte que lorsqu’elle écrit, la voix la conspue parce qu’elle ne lit pas, et dès qu’elle se met à lire, la voix vient lui dire que c’est mal, ce qu’elle fait, puisqu’elle n’est pas en train d’écrire. Sans parler d’aller faire du sport, autre type de négociation avec la table de travail.
Évidemment, ça m’a fait rire : c’est tellement ça ! Ne pas s’auto-dénigrer en terminant Bruits, voilà ce qu’il faut, me dis-je, si je veux dessiner un jour le deuxième oeil du daruma. Il faudrait, reprend sans se lasser la voix auto-dénigrante, que j’arrête un peu ma relecture de Bruits pour développer les bulles d’aiR. Il faudrait se remettre aux dossiers de subvention. Entamer le prochain épisode de podcast. Commencer à comprendre les différentes prises de l’aïkido. Retourner à la piscine. Lire davantage, tout en continuant ce semainier, et la newsletter Patreon. C’est comique, au bout d’un moment.
Il est minuit à Bangkok, au moment où j’écris ces lignes, et il fait 25 degrés. J’espère que le photographe ne m’en voudra pas d’illustrer ce journal, chaque semaine, avec une de ses images.
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