Journal du Combat

Mardi Ouf, ça y est, après un mois de grippe retour à la normale, ce qui signifie, conjointement, remontée de l’anxiété face à Bruits — sinon, ce ne serait pas drôle. Mais je ne me laisserai pas faire et pour cela, comme le conseillait Delphine Seyrig à Chantal Akerman sur le plateau de Jeanne Dielman (eh oui), il faut y aller "step by step", étape par étape. Pour cela, je commence par retourner travailler à la bibliothèque François Villon, non sans penser à ce que j’ai proposé à Pierre Ménard : tenir, moi aussi, d’une certaine façon, un "Journal du Combat", autrement dit, documenter la place Colonel Fabien dont des travaux feront, un jour, une "forêt urbaine".

(Notre quartier s’appelait précédemment Combat.)

(La photo ci-dessus, vaguement wharolienne, a été prise sur le chantier.)

Bien entendu, j’ai pensé en écrivant cela au combat que je mène face au manuscrit, et j’avais raison, car je quitte Villon affolée : maintenant que j’ai l’esprit clair, je vois mieux encore ce qui ne va pas. Or, pour trouver des solutions, j’ai besoin de parler à voix haute : retour chez moi, donc.

Mercredi J’ai trouvé une méthode (déjà éprouvée mais que j’exploite maintenant à fond) pour mettre de "l’ordre" dans mon manuscrit et comprendre ce que je ne comprends pas. Le chantier reprend, donc, lentement mais sûrement - du moins, je l’espère. Je me fais penser à une scénariste devant son tableau mural, stylo feutre en main, qui fume clope sur clope pour savoir que faire de ses personnages (si ce n’est que je ne fume plus depuis 28 ans). Tout ce que je veux, à nouveau, c’est que le livre envahisse la place, l’espace mental.

Au passage, puisque j’ai un peu parlé "vie professionnelle" la semaine dernière avec mon histoire d’arrêt maladie, je me permets un conseil à celles et ceux qui nous écrivent (nous = les artistes auteurs de statut, non salariés, non auteurs de best-sellers) pour nous faire des propositions de travail liées à l’écriture : s’il vous plaît, dites-nous d’entrée de jeu s’il s’agit ou non de bénévolat. Cela nous évite de nous retrouver dans l’inconfort de devoir poser la question, de la prendre à notre charge et, dans l’incertitude, d’échafauder des hypothèses parasitantes. Grand merci d’avance.

Vendredi Je vais rester prudente, mais il semblerait que ma méthode de travail, réactualisée, fonctionne. J’en parlerai quand ce sera fini. En attendant, demain, mes abonnés Patreon pourront entendre un nouvel épisode de Faites entrer l’écriture, épisode sans doute un peu étrange, car réalisé pendant la maladie, où j’ai fait au mieux et raconté comment il ne m’était plus possible d’écrire. S’ils l’écoutent le samedi et viennent lire cet article du semainier le dimanche, le temps leur semblera sans doute accéléré...

En attendant, encore, tournant autour de la place du Colonel Fabien, je réalise que le trottoir, avec ses fils de couleurs, ressemble à ce que j’ai mis en place pour ne pas me perdre dans mon livre.