L’accord parfait

Voici les Vinzelles, à Volvic, tout premier lieu où j’aurai parlé de Musée Marilyn tel qu’il se présente aujourd’hui, publié par Inculte. Voici le lieu de ma première discussion avec une libraire, puis de ma première lecture en public.

Voici le lieu.

Il faut imaginer, d’un côté une ancienne grange transformée en salle de restaurant avec cuisine qu’on aperçoit dès l’entrée, grande mezzanine et scène ; de l’autre, une maison dont le rez-de-chaussée serait une librairie. À côté, un jardin cultivé dont les fruits et légumes donnent le ton de la carte. À peine plus loin, une forêt.

Comme le dit Margot Bonvallet, la libraire, c’est un lieu qui, dès qu’on s’y arrête, apaise toute tension. Créé l’an dernier par deux sœurs, Clémence et Laure, Les Vinzelles est un endroit où tout paraît parfait et simple : l’accueil, l’attention portée aux autres, à la nature, aux propositions artistiques... Cette fluidité est le résultat d’un énorme travail. Il est pourtant presque imperceptible pour qui entre et passe sa commande.

J’ai lâché les tensions de la rentrée littéraire dès que j’y ai posé un pied.

J’ai réalisé qu’entre burn out et confinement, je n’avais plus fait de scène depuis plusieurs années : mille ans étaient passés, depuis.

Je n’ai pas eu peur mais j’ai compris certaines choses.

D’abord, il y a eu une rencontre d’une heure, sur scène, avec Margot pour parler du livre. La salle était pleine. Je ne sais plus exactement ce que j’ai raconté en dehors de la genèse du projet, de l’utilisation des archives et de l’importance de relire Blonde avant de se lancer. Je sais cependant que j’ai dit un mot de l’apparition fugace de Marilyn dans Cowboy Junkies, livre paru en 2008. Et pour cause : cette invitation aux Vinzelles, je la dois au départ à Christophe Basterra, "celui qui" m’a offert la cassette du second album du groupe, The trinity session.

Justement, la lecture musicale prévue après la rencontre, c’était un croisement Cowboy Junkies / Musée Marilyn rythmé par la playlist que Christophe avait composée pour l’occasion. Il était là, sur scène, à mes côtés — c’est la première fois qu’il se livrait à l’exercice en public. Ce n’est qu’à la toute fin, au moment des applaudissements, que les gens ont su que le garçon dont il était question dans CJ, cet ami mélomane de la Sorbonne, c’était lui.

En dehors d’une ou deux chaises devant (il paraît qu’en Auvergne les gens restent volontiers au fond, ai-je appris !), la salle était pleine, devant nous et sur la mezzanine. Nous le sentions. L’attention du public était incroyable. Chaque personne semblait écouter chaque mot de cette lecture croisée, à chaque instant. Nous étions concentrés, portés. C’était fort, vraiment. Ce fut, je crois, un grand moment, pour lui, pour moi, pour d’autres gens qui nous l’ont dit.

C’est ainsi que j’ai compris, au retour, aujourd’hui, à quel point la scène m’avait manquée. À quel point elle faisait, elle aussi, partie de ma vie et qu’il serait bon de se le rappeler. De ré-entraîner le corps, de retrouver de la force. Que tout n’était pas perdu.

Il y eut, aussi, la joie du concert des French kiss, leur merveilleuse reprise de la "Chanson d’Hélène", entre autres. Et se coucher tard, pour une fois...

Avant de terminer, je me permets de copier ici les mots de Christophe sur la soirée :
« Il y a eu des sourires, des silences, des regards, des rires et vice-versa. Des retrouvailles, des anecdotes, des souvenirs, des questions et toujours des réponses. Des applaudissements, des yeux fermés, des têtes penchées (comme pour mieux écouter). Des surprises, des reprises. Un samedi soir de septembre, Les vinzelles, ce lieu de tous les possibles. »

Enfin je place, pour ceux que ça intriguerait, ma version de travail de la lecture croisée. La musique sort de mon petit téléphone, on entend des grincements : c’est bien une version de travail ! C’est tout de même une trace de cette lecture unique, lecture qui, autrement, n’a pas été enregistrée et n’était destinée qu’à ce lieu, ce soir-là.