L’aventure dans le désert

Paris est désert (mon quartier, du moins), tout le monde est en vacances, je passe mes journées chez moi à relire mon manuscrit : qu’est-ce que je pourrais bien raconter ? Peut-être que dimanche, j’ai vécu une journée parfaite, trouvant, par beau temps, une boule à neige apocalyptique dans un vide-grenier providentiellement situé en bas de chez moi, ainsi qu’un magnet Marilyn de toute beauté

(le voici)

rivant son clou au vendeur qui essayait de me faire croire qu’il s’agissait d’une photo prise dans un commissariat alors qu’elle provient d’un essai de costumes pour Niagara en 1952 (non mais), me rendant ensuite au cinéma en famille revoir Perfect days, justement, de Wenders, assistant ainsi à la toute dernière projection du film (que j’avais déjà vu le 1er janvier de l’année dernière) à Paris. Et sinon ?

Le 25, le dernier épisode en date de Faites entrer l’écriture est sorti, et Martine, ma voisine, ancienne repéreuse de décors au cinéma, en a été très satisfaite, ce qui m’a évidemment fait plaisir. D’autres auditrices m’ont écrit, aussi, et je sais bien que ça compte, qu’on ne travaille pas dans le vide.

Du reste, passant mes journées à retravailler Bruits, encore et toujours, je m’adresse mentalement, par moments, à un lecteur imaginaire pour lui raconter où j’en suis — ce serait trop d’ascèse, sinon. Je lui parle, espérant qu’il me suivra dans mes avancées, qu’il sera sensible à la langue, mais aussi aux effets. Il se trouve que j’ai mis, au fil des années, tant de choses dans ce livre que je me fais moi-même avoir, en relisant certains passages. Tout est concentration, déplacements de paragraphes, corrections, une vraie dentelle, cette relecture. Mais quand je me fais surprendre (et ça arrive souvent, ces jours-ci), j’ai l’impression que c’est l’aventure.