Parution le 7/01/2026
14.00 x 19.00 cm
384 pages
ISBN : 978-2-330-21548-4
Prix indicatif : 23.50€
La fête sous toutes ses coutures
dimanche 16 Novembre 2025, par
(Le jeudi, découvrir la Place des fêtes autrement)
La semaine commence en fanfare, avec le prix Wepler attribué à Bernard Bourrit pour Détruire tout, publié en septembre par Inculte, chez Actes Sud. Je suis très contente pour l’auteur comme pour la maison d’édition, bien sûr.
Claro me propose d’assister à la soirée au Wepler, qui est un endroit très "connoté", pour moi. Jeune adulte, je passais devant en me disant que c’était une brasserie où je ne pourrais jamais entrer, trop chère, trop intimidante. Elle était pourtant, dans mon esprit, liée à l’écriture. C’était, plus précisément, l’oloé préféré d’Henry Miller, dont j’avais lu Jours tranquilles à Clichy à l’adolescence. Je l’avais donc imaginé, espéré, refusé... J’en avais fait une sorte de lieu limite, dont je me souviens avoir parlé à ma psy (Elle, issue de la bourgeoisie, étonnée : "Pourquoi vous n’entrez pas ?"). Un jour, j’ai fini par pousser la porte. Depuis, ce qui se joue dans la salle, le matin ou l’après-midi, m’amuse quand je m’y trouve — ce qui est rare, malgré tout. On y entend, dans un coin, des scénaristes se concerter pour réécrire une scène (Non mais la fille, là, est énervée, il faudrait qu’elle passe en faisant tomber quelque chose, etc.)
Si ma mémoire est bonne, c’est la troisième fois que je me rends à cette soirée de remise de prix. La première, c’était pour Daewoo, de François Bon, en 2004. Je me souviens d’un DJ tonitruant qui avait fait fuir sur le trottoir le petit groupe de remue.net dont je faisais discrètement partie.
La deuxième, c’était dix ans plus tard, lorsque Thierry Beinstingel avait été pressenti pour Faux nègres. Nous étions, lui et moi, installés dans un autre café de la place, face au Wepler, quand il a appris que ce n’était pas son livre qui avait été choisi. (L’annonce publique se fait dans les médias avant la soirée). Je crois que nous sommes allés passer une tête, ensuite, sans nous éterniser.
Quand ce fut au tour de Musée Marilyn d’être sur les listes, en 2022, j’avoue que je ne me suis pas rendue à la fête. La veille, j’avais découvert comment les auteurs apprennent les résultats. Le procédé est un peu particulier, disons. La veille, vous êtes prié·e de rester à côté de votre téléphone à partir de 20 heures. S’il sonne, c’est que vous avez gagné. S’il ne sonne pas, vous avez perdu. Vous passez donc la soirée à attendre un coup de fil qui ne vient pas en vous demandant si le jury délibère encore ou s’il a fait son choix depuis deux heures. Ce que ça coûterait d’appeler les douze nominés ? Je ne sais pas. Bref, le procédé m’avait mise dans tous mes états, c’est pourquoi le lendemain, je n’étais pas venue. Pas vraiment parce que j’avais perdu. Plutôt parce que je me rappelais cette ambiance tonitruante, foule compacte et musique à fond, de 2004 et de 2014. Je m’étais dit que ce n’était pas la peine de me présenter seule, sans personne avec qui parler.
Lundi, j’ai pu constater que le rituel n’avait pas changé : après les discours, le chaos, musique à fond et foule compacte. Juste avant la remise du prix proprement dite, derrière ce pilier miroir qui me cachait la scène, Chris (? Je ne sais pas son nom actuel) de Christine and the Queens a chanté trois ou quatre chansons. Je ne voyais rien mais je me mettais à sa place. Je me disais qu’il fallait un grand professionnalisme pour se donner à fond, comme ça, à froid, devant un public qui n’est pas forcément venu pour vous. Je ne connaissais aucun des titres mais j’admirais la justesse de sa voix. Ensuite, après l’intervention des mécènes puis des lauréats (beaux discours de Bernard Bourrit comme d’Hélène Laurain), le Wepler a lancé sa playlist, remixes de tubes disco.
Ce n’est un secret pour personne, j’aime le disco, je l’ai dit plein de fois. Il me soutient, en particulier, quand je suis en phase d’écriture "complexe", que je n’en peux plus de mes tournures alambiquées, de mes avancées tortueuses. Un peu de Blondie et ça repart ! N’empêche. Je me sentais comme dans la scène d’anniversaire qui ouvre le film La Grande belezza :
et, ayant dûment dit au revoir, je suis partie.
Vendredi J’essaye de ne pas me laisser parasiter par une possible mauvaise nouvelle concernant le quartier à venir (un immeuble en construction, peut-être, juste à côté), mais c’est difficile, vu tout le bruit déjà traversé dans ma vie. Bref. Respirons. Reprenons. Hier, donc, avec L’aiR Nu, nous avons animé cette "super bulle", la déambulation littéraire prévue à Danube, augmentée d’un atelier et d’un enregistrement. Nous travaillons toujours beaucoup pour parvenir à un résultat qui nous plaît et les gens qui participent le sentent, le remarquent, l’apprécient.
Quelques images du parcours :
Nous n’étions pas foule, mais nous nous sentions bien et tout le monde était impliqué. Je pense que cela sera à nouveau le cas mardi prochain, à partir de 16h30, à la médiathèque James Baldwin, quand nous enregistrerons celles et ceux qui le souhaitent pour le "projet Jacqueline" (pour rappel, il s’agit de venir raconter ses souvenirs de Paris au micro).
(A la soirée Perec, de gauche à droite, Elisabeth Girard-Léthier, Corinne Dupuis et l’éditeur Thierry Bodin-Hullin. Était également présente Chantal Maillet.)
Juste après, j’ai mobilisé l’énergie qui me restait et me suis rendue à la librairie L’Ours et la vieille grille pour assister à la soirée de lancement des trois nouveaux opus de la collection Perec 53 : Demain je serai mort, d’Eric Pessan, L’Angle mort, de Corinne Dupuy, et Perec à points comptés du collectif Perecofil.
(Ce qui nous est montré, c’est l’immeuble de La Vie mode d’emploi, sachez-le !)
Ce qui est formidable, avec cette collection, c’est sa capacité de renouvellement. Au bout de 13 titres, il me semble qu’on peut déjà l’affirmer et avoir confiance pour la suite. D’ailleurs, connaissant déjà deux des futurs auteurs de 2026, je le dis sans trop m’avancer !
La nuit tombe sur le nouveau quartier. Mon futur ex-appartement se vide, mon futur nouvel appartement se remplit peu à peu.
Respirer, et avoir confiance.
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