parution le 03/10/2024
ISBN 978-2-490364-42-8
53 pages
12 euros

Le génie et la vie matérielle
dimanche 12 Octobre 2025, par
D’avoir écrit sur Agnès Varda, puis sur Marilyn Monroe, j’ai la chance d’être invitée aux inaugurations des expositions de la Cinémathèque, rituel auquel je ne déroge pas, m’y rendant toujours avec la même amie. Alors, évidemment, Orson Welles... Je crois que cette fois-ci, nous avons tout lu, tout regardé. Ce qui m’a frappé, c’est ce qu’on sait déjà, mais qui saute aux yeux : l’impossibilité pour Welles, après avoir eu le final cut pour son premier film, Citizen Kane, sorti sur les écrans alors qu’il avait vingt-cinq ans, de retrouver cette liberté. De salle en salle, les oeuvres montées sans son accord ou abandonnées se succèdent, tandis que pour les financer il fait l’acteur ou l’homme sandwich — quand il ne prend pas la fuite vers l’Europe.
Outre une vision à laquelle le monde contemporain rend désormais hommage, c’est l’énorme capacité de travail qui me fascine (le nombre incalculable d’adaptations de romans pour la radio, par exemple) ; le désir de tout faire soi-même, de créer un monde, que je regarde avec admiration, comme je le fais pour Lynch, Fellini ou Bjork. Je suis moins sensible au côté affabulateur et illusionniste du grand Orson. Quoique. F for fake, visible en intégralité à cet endroit, a compté, lui aussi, pour Bruits, par exemple (qui sort le 7 janvier, ça y est, j’ai la date !).
(À ce propos, Claro publie actuellement sur son site et sur Facebook un journal de traduction du Troisième homme de Graham Greene, et parle de Welles dans cet épisode.)
Voilà qui fait du bien car pour le reste, la semaine est rythmée par la vie matérielle, comme dirait Duras. Quand je ne désherbe pas ma bibliothèque, je passe mon temps un mètre-ruban en main afin de mesurer tout ce qui est mesurable, les meubles de cuisine, les étagères, les lits, les bureaux, dans le but de faire entrer ce qui se trouvait dans un appartement de trois pièces dans un futur deux pièces. Chose curieuse : j’en perds mon vocabulaire. Je ne trouve plus les mots pour dire les choses. Je passe mon temps à parler de "machin plat" et de "truc encastrable" en m’énervant. Les termes les plus simples m’échappent.
Par ailleurs, le co-living, qui est vraisemblablement ce qui m’oblige à quitter mon immeuble (sans que cela soit dit, bien sûr), est à l’ordre du jour du Conseil de Paris à cet endroit, sur la suggestion de Ian Brossat. Il est proposé de l’interdire.
(Nous serons partis, d’ici là.)
Dans les interstices, pendant que je fais du podcast ou continue d’organiser les projets de L’aiR Nu, dans la semaine, je lance un appel : je cherche des textes littéraires écrits par des femmes sur Paris, quelle que soit l’époque. Françaises ou étrangères (mais traduites, si possible), du XVIIIe siècle comme d’aujourd’hui, tout m’intéresse. C’est sur Bluesky et Mastodon que j’ai le plus de réponses, pour l’instant. (Ci-dessus, le carnet offert par ma soeur, dans lequel je recueille tous les conseils.) Ce n’est qu’un début, j’ai bien l’intention de poursuivre cette quête !
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