Fenêtres Open Space

site d’Anne Savelli

Les moyens du bord

samedi 16 Janvier 2021, par Anne Savelli

On fait avec les moyens du bord... J’ai l’impression d’avoir entendu cette phrase plusieurs fois cette semaine dans la rue ou dans les magasins. Je l’ai sans doute prononcée moi-même, en atelier ou en visioconférence. Et je l’applique, du reste, pour entamer ce journal puisque la photo ci-dessus a été prise il y a des années, quand je cherchais à illustrer mon livre paru chez Stock, Franck, pour un site désormais disparu.

(Le site a disparu, le toit de tôle qui surplombait la gare de l’Est aussi. Quant au gant solitaire, n’en parlons même pas)

Pas de photo de Paris sous la neige ou de mon bureau, ou de je ne sais quoi d’autre. Rien qui dira la joie d’avoir eu l’impression d’une première avancée, pour Bruits, que d’ailleurs j’ai renommé [Bruits], ni les inquiétudes pour mes proches, tensions de quelques jours sans rapport avec l’écriture, c’est pourquoi je n’en parle pas — comme dans les contes, tout est bien qui finit bien, seul cela s’inscrira ici.

Ou alors, puisque la vie est surtout faite, ces temps-ci, de bricolage, faire vivre un peu ce gant solitaire, piquer à Joachim une ou plusieurs des photos qu’il a prises pour Nos îles numériques quand nous sommes allés, le mois dernier, à la Haÿ-les-Roses rencontrer des femmes et des hommes qui apprennent le français et ont bien voulu nous raconter leurs usages de la connexion : que la main s’anime, oui.

Une fois de plus, nous avons effectué une mise à jour du site (c’était hier). Dans la grande page, je crois qu’on commence à deviner ce qu’on proposera, pour finir. Que ce soit là ou dans la partie "enquête", on découvre ces mains, on entend ces voix.

Nous vous proposons aussi d’inventer vos propres îles en répondant avant la fin du mois à cette question : comment se créer un refuge mental, un abri ? Nous avions en tête l’assaut des sollicitations dues à la connexion au départ, mais bien sûr il peut également s’agir de se prémunir contre le flux permanent d’informations sur le virus, la pandémie. Tous nos interviewés en parlent...

De mon côté, ces jours-ci, j’ai l’impression que pour ma propre santé psychique j’ai intérêt à penser que le "monde d’avant" qui faisait notre économie, à nous, auteurs (les lectures en public, signatures, ateliers, etc) n’aura plus jamais lieu. Je crois que c’est plus simple pour arriver à écrire. Pour que mes mains fonctionnent, tapent sur le clavier et que ma tête invente un monde, croit à ce qu’elle est en train de raconter.

Heureusement que nous avons pu réaliser ce projet des Iles, me dis-je. Sinon, le numérique se serait réduit aux tâches pratiques que le virus a multipliées, l’imaginaire à peau de chagrin et le moral... Là, avant de partir pour Marseille, je crois avoir trouvé un petit rythme. Je sais qui martyriser avec les questions que je me pose sur les voix narratives et autres billevesées littéraires à propos de [Bruits]. Je sais ce que j’ai envie de faire - un peu - pour l’année nouvelle. Il est possible que je me coupe du monde lors des premiers jours de résidence et qu’il n’y ait pas de semainier dimanche prochain, qu’il faille attendre la semaine suivante : ce ne sera pas mauvais signe.

Galerie

Cliquez sur une photo pour avoir le diaporama

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.