parution le 03/10/2024
ISBN 978-2-490364-42-8
53 pages
12 euros

Raconter l’attente
dimanche 10 Avril 2022, par
J’aurais voulu raconter ici la douzaine de jours qu’a duré ma relecture de Musée Marilyn, du matin au soir, navigant entre version papier et fichier où entrer les corrections, expliquer l’état dans lequel elle a fini par me mettre mais je n’ai pas pu. Comme suggéré dans le sixième épisode de Lire le bruit, l’énergie dépensée dans ce travail m’a fait rechuter, une fois de plus dans le burn-out. J’arrive néanmoins à lire et à assurer, comme je peux, les ateliers qui me restent.
Pour mieux me faire comprendre, voici de nouveau ce sixième épisode :
et voici le lien vers le texte lu à la Maison de la poésie que j’évoque à un moment, centré sur nos vies quotidiennes d’écrivain.es.
Je tanguais, alors, vers l’extrême fatigue sans y tomber. J’ai réussi, dans le désordre, à assister au festival Les Échappées, au Mac Val, à rencontrer Servanne Monjour, maîtresse de conférence à la Sorbonne qui voulait m’interroger sur mon "iconothèque Marilyn" pour un colloque à Montréal et à faire un certain nombre de choses dont je ne me souviens plus. L’alerte a été donnée quand, voulant me rendre à l’exposition Proust du musée Carnavalet qui se terminait bientôt, je n’ai pas réussi, j’ai dû remonter chez moi. Ce n’est jamais la motivation qui manque, au contraire.
Depuis quelques jours, je crois avoir compris ce qui se passe : c’est l’attente qui me vampirise. L’attente de la parution de Musée Marilyn, ce suspense énorme de savoir s’il va se passer quelque chose ou non pour le livre, si je vais sortir de ce purgatoire de plusieurs années — c’est le mot qui me vient depuis plusieurs jours. La dernière fois, c’est la relecture de Saint-Germain-en-Laye qui m’a fait tomber : pas de mystère.
Évidemment, si on compare avec l’actualité (et on peut le faire depuis 2015, puisque j’ai entamé la rédaction du manuscrit le mois suivant les attentats de Charlie), on se dit que ce n’est rien, que ça ne compte pas, cette aventure du manuscrit — j’écris "aventure" car une fin se dessine à l’histoire et je pourrais la raconter, je le ferai peut-être, d’ailleurs, un de ces jours. Pourtant, mon corps et ma psyché ne sont pas de cet avis, au point que mon médecin m’a conseillé de retourner en clinique. C’est donc cela que j’ai à écrire ici, dans ce semainier, cette pression qui a fini par devenir monumentale.
(j’écris vite, vite, ce matin, avant les résultats du premier tour, dont j’ai peur qu’ils m’écrasent, eux aussi, bien sûr)
(ah, je vais voter, je reviens)
Oui, écrire avant de savoir, c’est plus simple. Mais quoi ? La lassitude de ce qui nous échappe, cet impression de tunnel qui n’en finirait pas ? Non, plutôt copier coller le code de ceci :
Raconter un peu de cet énorme classeur que je n’ai ouvert que devant Servanne Monjour au café Les frangins et comment il l’a dérouté ; ou les refus de subvention que nous venons d’encaisser, à L’aiR Nu, pour L’objet de ma vie, et comment j’ai découvert le dernier en date par hasard tandis qu’officiellement nous n’avons pas de réponse (sur Facebook, quelqu’un qui a trouvé malin de balancer les résultats) (ce n’est pas la première fois) ; ou l’autre attente, celle de la résidence de la rentrée, qui continue d’être incertaine. Oui, tout cela pourrait faire récit. Tout cela pourrait même se dire comme on raconte le voyage du héros, à Hollywood. Il serait question de gardiens du seuil, d’amis et d’ennemis, de crises et de quêtes.
Simplement, je n’en ai pas envie, ce jour de premier tour où nous sommes tous dans l’attente. Les autres récits me submergent. Je vais plutôt aller me promener dans l’iconothèque de Pierre Ménard, tiens. L’espace d’un instant, je suis sûre de m’y sentir bien.
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