Rester là

Une semaine où le sentiment de cohérence revient, après les phases anxieuses précédentes, voilà qui fait plaisir — se rappeler toujours que les crises sont des phases, oui, bien sûr, destinées à transformation, mais sur le moment, ce genre de discours n’est jamais d’une aide foudroyante, en tout cas chez moi.

Alors, que dire ? Avec Joachim, nous allons chercher à la poste nos exemplaires de La Boucle impossible, qui paraît dans quelques jours. Tout est déposé dans ce livre, maintenant : le projet initial, uniquement numérique, de collaboration avec L’Esprit du lieu ; le changement de cap, avec dossier de résidence monté et accepté, temps fractionné de travail sur place, à Grand-Lieu, lecture ou relecture des livres parus dans la collection, apparition de nos deux personnages. Et puis ce luxe, qui n’est pas dans le texte : le tour du lac en barque, l’arrêt du moteur électrique pour écouter, pendant quelques minutes, mille bruits d’eau, la lente dérive le long du canal... Ou encore, le souvenir de la première présentation, joyeuse, du projet.

Nous n’avons plus rien d’autre à faire que poursuivre chaque jour notre petit feuilleton Instagram, vignettes apparues depuis peu sur la page d’accueil de L’aiR Nu, laquelle permet également d’écouter, cette semaine, une lecture des premières pages de La Femme à l’oreille cassée, le dernier livre de Delphine Bretesché. Bien sûr, parmi "celles et ceux qui courent aux abords, réinventent le paysage", se trouvent Delphine, Perséphone et sainte Radegonde.

Sinon, miracle, je continue à écrire Bruits et, même si j’ai toujours l’impression de ne pas aller à la vitesse désirée, je me rends compte que mon fichier contient bien plus de signes que je ne le croyais (je ne me souviens plus que d’une chose, maintenant, dans la méthode Cameron : se soucier d’abord et avant tout de la quantité. Pour quelqu’un qui a toujours réécrit et retravaillé pendant le premier jet, et même s’il serait excessif de dire que je suis aveuglément ce conseil, c’est nouveau). Par ailleurs, j’ai la sensation de "rester à l’intérieur" du texte plus longtemps que d’habitude, de ne pas en être dépossédée par mes autres activités, et c’est un soulagement. Bien sûr, cela vient, précisément, de la place que je lui accorde, de la confiance que je lui fait. Mais je dois également cela à la présentation que je dois effectuer la semaine prochaine à Marseille lors des Ecrits du numérique. Le 4 avril, à 17h, je "testerai" en effet en direct le site web de Bruits en prenant le public pour cobaye - en espérant qu’il accepte !

Quant aux premiers auditeurs du nouvel épisode de Faites entrer l’écriture, consacré à la question du lien avec le corps, ils m’envoient de très beaux retours, ce qui me pousse à le réécouter : je suis touchée, une fois de plus, par ce que Séverine Daucourt et Anne Mulpas ont accepté de me confier, puis parce que dit Pierre Ménard de son rapport à l’étrange lieu où je l’interroge... Le 25, j’ai également "passé en gratuit" le premier épisode réalisé après ma formation au podcast à la SGDL, sur l’écoquartier de Châtenay (le lieu où on n’arrive jamais), formation que je me félicite d’avoir suivie... Bref, je sais que je suis au bon endroit, et je croise les doigts pour, qu’à terme, le podcast devienne mon second métier. Du reste, quelque chose ne trompe pas. Le renouvellement, en avance, de mon abonnement et du nom de domaine de ce site est la preuve que j’ai envie de rester là.

Enfin, il est temps de repartir à l’assaut de Lier les lieux, élargir l’espace, en espérant une V3 définitive. Le livre paraîtra en octobre chez L’Oeil ébloui dans la collection Perec 53, collection qui reçoit un formidable accueil de la presse ces jours-ci (Le Monde, Libération, L’Obs, L’Humanité...), ce qui fait évidemment plaisir pour l’éditeur, Thierry Bodin-Hullin. Si vous êtes à Paris le 4, n’hésitez pas à aller découvrir les quatre premiers ouvrages lors de la soirée de lancement !