Fenêtres Open Space

site d’Anne Savelli

Rondes et cercles, mémoire

dimanche 18 Juillet 2021, par Anne Savelli

Lundi, la nouvelle s’est mise à prendre toute la place, dans nos conversations, sur nos réseaux et surtout dans nos cœurs, nos esprits : nous avons appris la mort de Philippe Aigrain dimanche en montagne, dans ces Pyrénées qu’il aimait tant.

Si vous ne savez pas qui était Philippe, je vous propose de lire cet article de L’aiR Nu et de cliquer sur les liens présents. À les ouvrir tous, on découvre le nombre impressionnant de champs auxquels il s’intéressait et se consacrait. Philippe était une des personnes les plus brillantes, intelligentes et sensibles que j’ai eu la chance de rencontrer, et sans doute la plus généreuse d’entre elles. Ce n’est pas comme si sa mort me le faisait brusquement réaliser : je l’ai toujours pensé et je crois que c’est le cas pour chacun d’entre nous.

Informaticien, co-fondateur de la Quadrature du net, militant pour les réfugiés de tous bords, il était aussi pour nous un ami proche, un soutien (très effectif, en ce qui concerne publie.net et L’aiR Nu), un éditeur, un écrivain et poète toujours prêt à parler écriture, à écouter et partager les doutes, à encourager, à rebondir. Il était sans doute un modèle, un mentor pour beaucoup mais c’était aussi quelqu’un qui partait du principe qu’on en savait autant que lui (même si c’était faux !) et n’hésitait pas à dévoiler pudiquement ses hésitations, ses fragilités comme ses exigences. Ce qui me frappe aujourd’hui c’est à quel point, dans nos discussions, nous finissions toujours par nous dire qu’il fallait trouver un autre chemin lorsqu’on n’était pas entendu.

Il y a presque quatre ans, j’ai passé trois jours avec lui dans les Pyrénées (la photo ci-dessus est de lui, il me l’a envoyée juste après mon retour à Paris). Il m’avait invitée, comme il l’a fait également avec Juliette Mezenc, Marie Cosnay, Fred Griot, Yohann Villanua et Julien Moreau, comme il aurait dû le faire avec Virginie Gautier si la pandémie n’avait pas repoussé l’invitation, à participer aux activités de l’atelier du Lavedan. Il m’avait prévenue que le rythme serait soutenu (lecture en public, ateliers...) et il le fut, mais ce que je me rappelle surtout, ce sont nos échanges ininterrompus, du matin au soir, son stress de mal enregistrer la lecture et sa joie que tout se soit bien passé, ou encore cette balade durant laquelle il m’avait fait découvrir des œuvres d’art contemporain disséminés en pleine nature.

(Syndrome du caméléon de Johan Parent)

Mille autres souvenirs reviennent pendant que je cherche des photos enregistrées dans je ne sais quels dossiers (écriture, photos, photos écriture, L’aiR Nu, lectures ?). Mais il est temps de mettre ici quelques photos de Philippe :

Ce beau portrait de Jérémie Zimmermann, avec lequel il a fondé La Quadrature. Ou encore

ce Philippe malicieux sous les déVersées de Christine Jeanney en novembre 2016, à la galerie Terre d’Aligre, à Paris (voir ici, ou , chez Christine).

Je me souviens du festival du Général Instin, à Belleville, et de celui qu’il a créé avec Mathilde Roux et qui change de nom chaque année (In situ/incipit, Seconda, Ourdir, à retrouver, on espère, en septembre prochain).



(Guillaume Vissac, Sébastien Lespinasse, moi, Philippe, Stéphanie Barbé)

Et encore des dix ans de publie.net, à la bibliothèque Françoise Sagan, à Paris, où il aurait aimé trouver davantage de monde, même si la soirée fut réussie.

(Roxane Lecomte et Philippe)

(avec Virginie Gautier et Joachim Séné, lisant un montage d’extraits de textes publiés par Publie.net)

(Fred Griot et son groupe)

(Guillaume Vissac)

(François Bon)

On se retrouvait si souvent, avant la pandémie, on a vécu tant de choses... Je crois que tout va me revenir (la première et immense tristesse, aussi), après l’hommage que lui ont rendu hier, au jardin du Luxembourg, ceux d’entre nous qui ne pouvaient se rendre dans les Pyrénées.


(Photos de Mathilde Roux et André Rougier)

L’idée est venue d’Anne-Charlotte Chéron, que je n’avais pas vue depuis plusieurs années et qui cherchait comme moi, en vain, à trouver un train pour Argelès-Gazost afin d’assister à l’enterrement de Philippe. Elle m’a dit : et pourquoi pas un hommage à Paris ? Très vite, Guillaume nous a appris que Virginie cherchait à faire de même : nous avons unis nos forces. Tout s’est organisé alors de façon fluide et simple. J’ai pensé au jardin du Luxembourg à cause des lectures que publie.net propose pendant le Marché de la poésie. Virginie a ajouté que ce serait bien de se retrouver place Saint-Sulpice, point rituel de départ pour la balade ensemble. Ensuite ce fut dense, profond.

Ces derniers jours, Christian Boltanski a disparu lui aussi et j’en aurais certainement parlé dans ce semainier, lui que j’ai beaucoup écouté il y a quelques mois quand j’avais des angoisses morbides, sans la disparition de Philippe. Mais je ne connaissais pas Christian Boltanski autrement que par son travail. Philippe Aigrain, lui, était un ami.

Galerie

Cliquez sur une photo pour avoir le diaporama

Messages

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.