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S’inventer des îles

dimanche 25 Octobre 2020, par Anne Savelli

L’actualité de la semaine dernière était si terrible que, le dimanche venu, je n’étais finalement pas mécontente d’être malade et de ne pouvoir écrire ici (je peux le dire, un test covid négatif plus tard). Ce matin (samedi, au moment où je rédige cet article), je me suis demandée ce que pouvait signifier cette sorte de léger soulagement à ne pas "avoir" à réagir en public — nul besoin de légitimité, par ailleurs : l’avènement des réseaux sociaux a rendu inutile la nécessité d’être une personne publique pour le faire, induisant sans jamais le dire une sorte d’obligation intérieure, une pression inconsciente poussant chacun à donner son avis.

Qu’ils provoquent de l’horreur, de l’angoisse ou de l’indignation, ce n’est pas que les événements ne me traversent pas, au contraire. C’est que je ne fais pas partie des gens qui puisent leur énergie dans la confrontation, la réaction à chaud à d’autres réactions. Les discussions de comptoirs comme les empoignades, les débats entre convaincus me font fuir dans la vie, et c’est pareil ailleurs. Je me méfie de mon émotivité, de mes limites sur les sujets de portée générale : ce n’est pas que j’aie peur de voir ma parole dépasser ma pensée. Au contraire, j’ai peur qu’elle soit en-deçà, qu’elle ne traduise rien de ce que je ressens. C’est pourquoi, en public, je ne parle de rien d’autre que de ce que j’écris : parce que là, ma pensée a trouvé une forme.

Alors, que raconter qui ne soit pas "à chaud" ? Peut-être le lancement de Nos îles numériques la semaine dernière, dernier site en date de L’aiR Nu qui, justement, parle de connexion et de déconnexion. D’un côté, Joachim Séné et moi écrivons chacun un récit qui va s’inscrire dans une grande page web navigable (avec photos, sons et tutti quanti). De l’autre, tout le monde est invité à participer durant trois mois à l’"enquête" que nous menons en parallèle pour savoir ce que le numérique nous fait (à nous tous) et ce que nous faisons du numérique. Tous les quinze jours, le 1er et le 15 du mois, nous publions la suite de nos deux textes, les réponses reçues au précédent questionnaire et de nouvelles questions, dévoilées au fur et à mesure. Une rubrique "ressources" (qui changera peut-être de nom) permet à qui le souhaite de trouver, là encore au fur et à mesure, d’autres pistes de réflexion. Pas la peine d’être forcément accro aux écrans pour répondre : quelles que soient vos pratiques, votre âge, vos habitudes, toute réponse nous intéresse ! La première série de questions porte sur les débuts de chacun avec la connexion (premier ordinateur, premier smarphone, etc). N’hésitez pas à participer avant le 1er novembre et à vous abonner à la newsletter (qui sera probablement l’endroit où nous interagirons).

De mon côté, comme le texte que je suis en train d’écrire est proche de ce que j’ai raconté ici ces derniers mois, burn-out surnommé l’aventure moderne, j’ai décidé de le publier également sur ce site dans la rubrique Textes en accès libre : le premier épisode est donc là.

(mon PC avec une pomme, tiens, pour la peine)

Raconter encore, à propos de L’aiR Nu, que nous étions, cette semaine, invités à participer à un colloque "Recherche et création" à l’Université Gustave Eiffel de Marne-la-Vallée pour parler de notre dernier texte, Lisières limites, sur la construction de l’écoquartier de Châtenay-Malabry. Comme j’étais malade, je n’ai pas pu m’y rendre, mais j’ai enregistré une courte présentation de la partie que j’ai écrite, intitulée Peurs et désirs des gens des villes, ainsi qu’une petite lecture. Vous n’y étiez pas et moi non plus mais, magie du MP3, peut-être pouvons-nous un instant nous imaginer dans l’auditorium de la bibliothèque Georges Perec ?

Supposons alors que Virginie Tahar, l’enseignante-chercheuse avec laquelle nous travaillons, a présenté le projet dans son ensemble et que Joachim Séné a évoqué la partie qu’il a écrite pour Lisières limites, inspiré par l’histoire du quartier et par ses souvenirs personnels. Voici ce que je raconte à leur suite, en un peu moins de quatre minutes (nous avions peu de temps) :

puis trois minutes trente de lecture :

Lecture pour le colloque de l’Université Gustave Eiffel

Désir de créer une île, dans un projet comme dans l’autre... Rien de très étonnant : les temps s’y prêtent.

(Une semaine de silence, et puis : cette phrase est tirée du Journal de la lutte de Dita Kepler, Dita qui parfois, ces temps-ci, revient parler à ma place)

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