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Tunnels et bulles d’air

dimanche 27 Octobre 2024, par Anne Savelli

Lundi Le matin, je co-anime une formation à la Maison de la poésie, avec Anne Mulpas et Séverine Daucourt, sur nos pratiques d’écriture. Je les avais déjà interrogées à ce sujet il y a quelques mois, et l’épisode du podcast corrélé à cette expérience, intitulé Corps et mouvement de l’écriture, est désormais disponible gratuitement. L’expérience est très intense. J’avais prévu de faire écouter des extraits de Faites entrer l’écriture, en "interludes", entre deux séries de questions que je voulais leur poser, mais quand nous arrivons, personne, à la technique, n’est là. Il faut faire sans, assez longtemps, et je suis bien contente d’avoir suffisamment préparé en amont les choses pour ne pas me sentir désarçonnée. Finalement, je ne ferai entendre qu’un tout petit extrait d’un entretien mené avec Christine Jeanney à propos de Cartons.

L’après-midi, de mon côté, il faut déjà que je passe à autre chose, en l’occurrence aux dossiers de subventions pour les bulles d’aiR (déambulations littéraires) de L’aiR Nu et, il faut dire ce qui est, je ne comprends rien aux tableurs, à la logique comptable, etc, malgré les formations que nous avons suivies.

Mardi Fort heureusement pour moi comme pour le collectif, l’une des formatrices qui nous a initiés à la subtilité de ces demandes et autres réponses à appels à projets travaille pour une association, située dans le 19e arrondissement, dont l’objet est d’aider d’autres associations. Rendez-vous est pris et, en début d’après-midi, je pars me faire aider (avec, en tête, l’idée d’abandonner, il faut bien le dire, car la deadline est pour le lendemain et nous avons devant nous un certain nombre d’énigmes à résoudre). Il fait beau, l’air est doux, et je réalise que j’emprunte exactement le même chemin que lorsque je me rendais au CentQuatre, où j’étais en résidence en 2009. Du reste, j’y suis retournée il y a peu, ce qui ne m’étais pas arrivée depuis quatre ans, époque où le lieu était devenu un vaste centre de vaccination.

(Voilà, ça y est, ça paraît loin, le confinement.)

Mercredi Nous y avons passé un temps fou, elle et moi, à mettre les budgets prévisionnels d’équerre, et sans elle, qui s’appelle Anne, je crois qu’on aurait abandonné. Ce matin, il y a encore deux demandes à intégrer sur un site. Hier soir, coup de chance, celui de la Préfecture n’a pas bugué, ce qui n’était pas gagné. Vivement la délivrance administrative - du moins, pour cette semaine !

Plus facile à dire qu’à faire. La galère reprend aussi sec. Il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas, ou qu’on a mal fait les années précédentes, comme si chiffrer une action était au-dessus de nos forces. Il serait tout de même intéressant de comprendre, globalement, pourquoi. Pour me rassurer, j’imagine un comptable qui serait phobique de l’expression écrite, pour qui rédiger un texte paraîtrait une montagne. Moi, c’est rentrer des chiffres dans des cases qui me rend dingue. Par contre, je peux rédiger des objectifs, résumer ou réduire un texte sans que ça ne me mette dans tous mes états — ce qui ne signifie pas que ça me plaise. À quel moment, dans ma vie, aurais-je pu apprendre dans la joie à manipuler l’argent ? Vraie question.

Jeudi Retrouver Bruits, sortir du tunnel, voilà ce qu’il faut. Hier après-midi, je suis retournée à la bibliothèque, ce que je n’avais pas fait depuis assez longtemps, pour emprunter des livres. L’idée n’était ni d’en prendre pour Bruits (le temps de la documentation est passé), ni pour les déambulations de L’aiR Nu. Secrètement, j’aurais aimé trouver Archipels d’Hélène Gaudy mais c’était sans doute trop tôt, je ne l’ai pas trouvé. Une grande fatigue m’est tombée dessus, brutalement. J’ai emprunté trois romans dont je me suis dit qu’ils seraient faciles à lire, l’idée étant de se remettre dans un mouvement continu de lecture et de rattraper un certain retard. J’essaie d’arrêter de courir, de prendre davantage mon temps. Cela en passe par un semainier plus long, d’ailleurs, que les précédents. Ici, c’est juste l’écriture, et il y a mille choses que je ne dis jamais — que je suis jour après jour, comme tant de femmes, le procès des viols de Mazan, par exemple.

Je lis un des trois livres d’un trait, qui m’énerve, qui me remue, me décentre, bon prétexte pour ne pas retourner au mien.

Vendredi C’est le 25, jour de sortie du nouvel épisode de Faites entrer l’écriture.Pour une fois, j’y raconte des choses qui se sont passées il y a peu, "à chaud". Il est en effet question de la semaine d’ateliers à Champs-sur-Marne du début du mois et, par là-même, de L’aiR Nu, décidément très présent ces temps-ci. Le temps qu’il faut prendre pour le faire savoir sur les réseaux est toujours assez long, autant essayer de le faire bien, me dis-je. Mais il faut tout de même avancer et, vite, retourner au silence.

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