parution le 03/10/2024
ISBN 978-2-490364-42-8
53 pages
12 euros

Un cap à passer (tout va forcément changer)
dimanche 4 Mai 2025, par
(Ruines de l’ancienne synagogue, sur le trajet pour aller à la piscine.)
Mercredi Bon, honnêtement, je ne sais pas comment je vais aborder ce semainier. Ce que nous craignons, ici, dans mon immeuble, depuis plusieurs semaines, est arrivé. Le propriétaire, qui l’a racheté en entier et a fait en sorte, depuis, de ne plus louer que du meublé très cher en refaisant, à la va-vite, les appartements, veut voir partir tous les locataires historiques dans six mois. La raison ? Une "restructuration d’ensemble" (du façadisme, suppose-t-on, pour un immense Airbnb, alors que l’immeuble loge des habitants depuis la fin du XIXe siècle). Voilà qui tombe fort mal. Si vous suivez ce journal, vous savez pourquoi. Je vis là depuis vingt-trois ans. Il me faut de la force pour trouver comment gagner ma vie régulièrement alors que je n’ai aucune raison objective de voir cela arriver d’ici peu, de la force pour continuer mes projets liés à L’aiR Nu, pour terminer Bruits, etc.
(Verrais-je la fin du chantier à Colonel Fabien ? Eh bien, mystère.)
Comment continuer à passer cela sous silence, ici ? Je ne vois pas. Jusqu’ici, j’ai réussi, mais ce n’est plus possible. L’écriture est en grande partie corrélée à la vie matérielle, je le dis régulièrement dans mon podcast. (À ce propos, j’ai passé un nouvel épisode de Faites entrer l’écriture en public. Il s’agit de celui où je négocie avec la grippe pour continuer à relire mon texte, vous pouvez le trouver ici ou là.)
(Le véritable nouvel épisode est consacré au salon du livre du Grand Palais.)
Bon, je ne suis pas seule, je suis entourée. Me voilà poussée à le dire également ici — comme je ne parle jamais de ma vie privée, ni familiale, sur internet, on pourrait croire qu’il en est autrement. Mais, s’il y en a parmi vous qui ont envie de me soutenir, que ce soit en s’abonnant à ma page Patreon, en me donnant des conseils, en me faisant connaître des gens, entrer dans leur(s) réseau(x), en me remontant le moral, eh bien, c’est pile le moment :-) J’ai six mois pour rebondir, comme on dit (je déteste ce verbe), sachant que je suis vraiment une parisienne invétérée, que Paris, c’est ma vie, ma ville, le lieu qui me fait écrire, que je ne veux pas en partir, etc.
À ce propos, juste avant d’apprendre la nouvelle, j’ai découvert, grâce à mon éditeur, un bel article sur Lier les lieux, élargir l’espace :
(La suite est ici, merci au Sonneur.)
En ce moment, je me sens reconnue, dans mon travail, dans l’écriture. Mais ça ne se traduit absolument pas en termes matériels. C’est donc comme si j’avais échoué dans ce que j’avais entrepris, alors que non. Je pense honnêtement que non. Je pousse, par mon exemple, les autres à aller vers ce qu’ils désirent. Je le sais, ils me le disent. Je veux continuer à avoir cette force, à être une "propulseuse". Ça et inventer des formes, c’est ce que je sais et aime faire. Pourquoi n’est-ce pas possible d’en vivre ? Ce n’est pas possible, tout le monde le dit, et pourtant si on écoutait cette voix de la raison, on ne ferait jamais rien — puis on serait morts, trop tard. Je suis persuadée que je peux "propulser" davantage de gens, davantage de choses. Mais je sais aussi que je ne peux pas le faire seule, un burn out sévère est passé par là. Il faut qu’une dynamique s’enclenche.
Je sais que le moment est mal choisi, pour gagner de l’argent avec la culture. Qu’on tranche dans les budgets à tour de bras. Et pourtant, c’est parfaitement le moment. C’est absolument le moment de créer des choses, des formes, de donner de l’air, de l’espoir.
(D’en donner aux autres. Et donc, d’en avoir. Et donc, d’en recevoir.)
(Dans mon quartier, qui est toujours mon quartier pour l’instant, des devantures "Lutes" ou "Lutess" sont apparues il y a quelques temps. Je les prends en photo quand j’en trouve.)
Vendredi Le choc est toujours là mais il faut commencer à dire les choses un peu plus précisément. L’appartement dont je parle est situé à Paris et c’est un trois pièces loué dans le privé, où nous avons vécu à trois, puis à deux, pendant vingt-trois ans. Par quel miracle pourrait-on retrouver cette configuration du trois pièces parisien ? Le mot de miracle n’est pas trop fort, mais j’écris tout de même ici que tel serait mon désir, car je crois férocement qu’il faut commencer par dire exactement ce que l’on veut, ce à quoi on aspire, quels sont ses besoins et envies, avant de commencer à rogner, à réduire, à restreindre, à sacrifier.
Ce semainier, ces prochains temps, sera donc celui de la lutte pour trouver de l’argent et un toit, cela tout en restant obstinément heureuse, immense défi. Commençons par le cadeau de cette photo par Pierre Ménard, un peu de Corto Maltese pour nous octroyer de l’air marin. J’y ajoute mes deux autres photos de "Lutes" : l’une est faite de mon balcon (car oui, jusqu’à présent, j’ai un balcon), l’autre représente deux Barbapapas, dont l’idéal de logement n’a pas été, je crois, relevé que par moi.
D’ailleurs, pourquoi ne pas se faire un peu plaisir, voici l’épisode dans lequel les Barbapapas sont contraints de quitter leur logement (je ne l’ai pas trouvé en français, mais en japonais, ce qui ne gêne absolument pas, au contraire).
et celui où ils emménagent (comme on va le voir, il faut lutter) :
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