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Une semaine sur le campus de Champs

dimanche 6 Octobre 2024, par Anne Savelli

Une semaine à plein temps à l’université Gustave Eiffel de Champs-sur-Marne, ou quasiment, c’est une semaine sans Bruits.

Une semaine où laisser filer ce qu’on devrait faire de plus, voir passer des opportunités qu’on ne saisira pas, où écrire cependant, par moments, en même temps que les étudiant.es — cette "baleine paysage" à la manière de Maryse Hache, par exemple, qui pourrait servir de journal :

Au lever / tôt / trop tôt / Isabelle Adjani proche sur un canapé parle encore théâtre / levée tôt / quelqu’un dit d’ici quelques minutes nous recevrons / levée tôt / dans la tête journée à Champs / dans la tête RER sac à faire livres repas chargeurs / mercredi 2 octobre / chambre couloir salon vroum du paysage par balayage municipal / vroum dans salle de bain / par tuyauterie de toilettes / par couloir / par fenêtre mal fixée / fissure / huisserie mal huilée / vroum / mercredi 2 octobre quelqu’un dit j’ai encore de la fièvre mais moins / quelqu’une / une qui compte / une dont on se soucie / loin et pas loin écrit / 38°7 ce matin / au micro quelqu’un d’autre tousse sans se détourner / départ pour le campus / vol d’oiseau / ballon dirigeable / départ / oiseau ballon /RER couloir / écrire / entrer dedans.

(oloé potentiel du bâtiment Bienvenüe)

Écrire cela au lieu de Bruits (ce n’est pas faute d’avoir essayé pendant l’atelier, mais non, impossible), me permet bien sûr de fixer ce qui, sinon, aurait disparu — ce rêve où je discutais sur un canapé d’une scène de théâtre avec Isabelle Adjani, par exemple. Mais c’est aussi une façon de voir apparaître ce qui importe et que, d’habitude, je ne note pas ici, dont je ne me permets pas de parler, parce que trop personnel.

Faut-il dire le personnel ? Faut-il le dire davantage que je ne le fais, ici comme ailleurs ?

Une semaine à prendre le RER, à croiser Chantal Akerman dans un couloir où tout le monde se presse, à retrouver, sur le smartphone, une fois assise dans le wagon, l’extrait d’un entretien où elle parle d’un de ses films avant de m’apercevoir que la personne qui l’interroge, dont on ne voit pas le visage, dont on n’entend rien de la voix, je l’ai connue lorsque j’étais étudiante en audiovisuel. Comme si le familier s’invitait partout. Comme s’il venait soutenir le corps, l’esprit fatigués dès le matin, et leur dire que non, cette vie-là n’est pas absurde (ce qu’elle n’est évidemment pas, une fois qu’on parle aux étudiant.es).

Une semaine à arpenter ce drôle de campus qui compte des lieux différents, bâtiment Bienvenüe, école des Ponts, bâtiment Copernic, bibliothèque Georges Perec (tiens, tiens), suffisamment éloignés les uns des autres pour qu’on se sente, par moments, ailleurs.

Lieux liés et Perec, voilà qui me fait penser, bien sûr, par ricochet, à la parution de mon livre, ce jeudi. Prise par la restitution des ateliers qui doit se tenir le lendemain, je l’oublie, cependant. Le vendredi, cette restitution, censée s’intégrer dans une sorte de roulement global conduisant les étudiants des autres activités organisées dans la semaine (théâtre, croquis, usage du son ou de l’IA...) à entrer et sortir dans la petite salle où nous avons travaillé, n’entendant que quelques lectures au passage, formule dite "agile" qui nous laisse un peu perplexe, il faut le dire, se passe finalement merveilleusement bien. Toute la semaine, nous avons eu devant nous, Joachim et moi, un groupe d’étudiants soudé, curieux, toujours partant. Les écouter, sentir leur implication est une très grande joie.

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